1968
Un groupe de travail issu de milieux progressistes rédige «la Déclaration de Berne». Ce texte programmatique demande au Conseil fédéral de s’engager à mettre en œuvre les «mutations politiques nécessaires» pour garantir des relations plus équitables entre la Suisse et les pays pauvres. La Déclaration de Berne récolte près de 10 000 signataires. Les premiers signataires s’engagent à reverser, pendant trois ans, 3% de leurs revenus à une ou plusieurs organisations caritatives. De ce mouvement naît la première ONG de développement indépendante de Suisse.
1974
En novembre 1974, la Déclaration de Berge organise une conférence avec plus de 100 participants issus des groupes régionaux de la DB ainsi que des cercles politiques et ecclésiastiques. Elle inaugure une pratique devenue ensuite récurrente au sein de la DB consistant à allier réflexion et action.
1974
Suite à une action d’étudiant-e-s
bernois-es, la Déclaration de Berne organise en 1975 la vente en Suisse d’un café soluble intégralement fabriqué par une coopérative en Tanzanie. La création de valeur reste en Tanzanie et le café contribue ainsi au développement dans le pays. Ujamaa? Le nom du premier produit issu du commerce équitable évoque, en langue swahili, «la famille au sens large, où tous travaillent et profitent ensemble du produit de leur travail». En collaboration avec des organisations caritatives, la DB fonde la société d’importation OS3 (Organisation Suisse-Tiers-Monde) et contribue au développement du commerce équitable en Suisse.
1975
Le groupe de travail Dritte Welt Bern publie la traduction d’une brochure de l’ONG «War on Want» qui, sous le titre «Nestlé tue des bébés», met en lumière la commercialisation agressive de lait en poudre pour bébés dans les pays du Sud, au détriment de l’allaitement maternel. La multinationale porte plainte en diffamation devant un tribunal bernois. Un an plus tard, le juge reconnaît la diffamation, mais les accusés (défendus par un jeune avocat encore peu connu, Moritz Leuenberger) ne sont condamnés qu’à une amende de 300 francs. Le juge recommande à Nestlé de changer ses pratiques «s'il veut s'épargner le reproche d'un comportement immoral et non éthique». Malgré la condamnation, ce procès est une victoire pour la DB, qui a profité de l’attention médiatique pour dénoncer les pratiques irresponsables de la firme veveysane ainsi que d’autres sociétés suisses.
1975
La Déclaration de Berne s’attaque au racisme dans les livres pour enfants, définit des critères pour une littérature pour enfants respectueuse et publie une brochure annuelle à ce propos (appelée aujourd’hui « Fremde Welten »). La DB conçoit du matériel pédagogique et amène le sujet dans les écoles, chez les éditeurs ainsi que dans les centres de formation.
1976
La Déclaration de Berne met en place une autre action visionnaire: la vente de sacs de jute faits main au Bangladesh, avec quatre messages importants : du travail pour le Banglades, la préservation de l’environnement et de l’énergie, le passage à un mode de vie plus simple et à une autre forme de croissance. Distribués à plus de 250 000 exemplaires, ces sacs symbolisent aussi la lutte à mener face au plastique, déjà désigné comme «l’un des grands gaspilleurs et pollueurs de notre époque».
1977
En avril, le «scandale de Chiasso», impliquant la filiale tessinoise de Crédit Suisse, montre que l’évasion fiscale de contribuables étrangers est un ingrédient majeur du succès de la place financière suisse. Avec des organisations de politique de développement, la DB fonde « l’Action place financière suisse – Tiers monde ». Par un travail de recherche et d’information, la DB soutient ainsi l’initiative du parti socialiste, visant notamment la levée du secret bancaire en matière fiscale. Combattue par les milieux bancaires avec des slogans dénonçant une tentative de «marxisation» de l’économie, l’initiative est rejetée en 1984 par 73% des votants. Notre organisation continue son combat contre l’évasion fiscale «Made in Switzerland» et ses conséquences néfastes pour les pays pauvres.
1977
Le tourisme devient une industrie puissante et de plus en plus de pays pauvres dépendent de ses revenus. Il engendre par ailleurs la cohabitation culturelle la plus forte entre les personnes du Nord et du Sud. En collaboration avec des organisations caritatives et de politique de développement, la DB initie la création d’une association. Avec des ONG du Sud, le groupe de travail tourisme et développement (akte -arbeitskreis tourismus & entwicklung) explore les effets du tourisme sur les pays pauvres, sensibilise les touristes aux autres cultures et soutient les entreprises locales.
1977
En coalition avec d’autres organisations, la DB fonde «l’Action place financière suisse», destinée en premier lieu à soutenir l’initiative sur les banques. Le fait de créer des organisations chargées de porter un projet ou une thématique spécifique, d’ouvrir cette organisation à d’autres puis de la laisser s’autonomiser a été reproduit à plusieurs reprises. La Banque Alternative Suisse, la coalition internationale « Pas de brevets sur les semences » et la section suisse de la Campagne Clean Clothes figurent également parmi les spin-off de la DB dans les années 70, 80 et 90.
1980
La DB sensibilise les consommateurs et consommatrices au lien cynique entre agrobusiness et faim dans le monde, en s’appuyant sur des exemples concrets. Des ananas en boîte vendues en Suisse par Migros, mais produites dans des conditions déplorables aux Philippines ? En revendiquant des produits qui soient «bons pour ceux qui les produisent, bons pour l’environnement et bons pour ma santé», la Déclaration de Berne fait pression sur les grands distributeurs. Avec plus de 9000 signatures, les consommateurs et consommatrices revendiquent la déclaration du pays d’origine et des informations sur les conditions de production. Ces exigences constituent les fondements de ce qui deviendra le Label Max Havelaar.
1981
Le tourisme sexuel et la traite des femmes sont en augmentation. En 1981, la DB poursuit un propriétaire de bar et lui fait un procès. L’écho médiatique est retentissant. En 1985, la DB propose la création d’une organisation visant à informer sur les causes du tourisme sexuel et la traite des femmes et sur les possibilités d’action. La FIZ (Centre d'assistance aux migrantes et aux victimes de la traite des femmes) ouvre un centre d’information et de rencontre à Zurich. Elle s’engage politiquement et socialement pour les victimes de la traite des femmes en Suisse.
1982
Sensibiliser les plus jeunes aux inégalités dont sont victimes les pays en développement a toujours fait partie de la mission de la Déclaration de Berne. En collaboration avec Terre des Hommes Suisse, la DB crée, sous le nom « Kinderbuchfonds Dritte Welt », un fonds de soutien à la littérature pour enfants et adolescents écrits par des auteurs de pays du Sud. Une série d’ouvrages, baptisée « Baobab », est publiée en 1988. Depuis 2011, « Baobabbooks » constitue une association indépendante.
1983
La DB révèle des études confidentielles prouvant que la firme suisse Ciba-Geigy (aujourd’hui Novartis après la fusion avec Sandoz en 1996) connait les risques cancérigènes du Galecron, interdit en Suisse en raison des risques pour la population, mais vendu dans de nombreux pays en développement. Une grande campagne est lancée pour mettre un terme à ces pratiques scandaleuses. En 1987, la firme cède à la pression et annonce le retrait du Galecron.
1985
Sensibiliser par le jeu fait partie des approches explorées par la Déclaration de Berne. Basé sur le modèle du célèbre Monopoly, le «Tiers-Mondopoly» permet aux joueurs de vivre le quotidien des paysans des hauts plateaux du Pérou, et de comprendre ainsi les difficultés auxquelles ils sont confrontés. Edité en sept langues, ce jeu est devenu un best-seller. Un grand tournoi est même organisé en 1993 pour fêter les 25 ans de la DB!
1986
Lors de la chute du dictateur philippin Ferdinand Marcos, le scandale éclate: des intermédiaires financiers helvétiques ont accepté de gérer la fortune spoliée. Plusieurs centaines de millions de francs sont retrouvés sur des comptes bancaires helvétiques. La DB s’engage pour que ces fonds soient saisis. Bloqués par les autorités suisses, ils font l’objet d’une longue procédure qui aboutit, vingt ans plus tard, à leur restitution aux victimes de Marcos. Cette affaire et les fonds détournés par le dictateur nigérian Sani Abacha marquent les débuts de la politique suisse en matière d’avoirs illicites.
1989
«Près de la moitié des médicaments suisses vendus dans le Sud sont inutiles, inefficaces, voire dangereux.» Publiés en 1989, ces résultats font froid dans le dos! Pour dénoncer les pratiques irresponsables des pharmas suisses dans les pays en développement, la DB prescrit «Medi-Minus», un petit emballage contenant des informations en guise de traitement. Traduit dans six langues, Medi-Minus est diffusé à plus de 100 000 exemplaires, y compris par une grande compagnie d’assurance maladie.
1997
La Déclaration de Berne et Terre des Hommes Suisse lancent une grande campagne «pour des chaussures de sport produites dans la dignité». Alors que les géants Nike, Adidas ou Reebook vendent du rêve à grand renfort de publicité, nous dévoilons l’envers du décor, en invitant les consommateurs et consommatrices à écrire aux grandes marques afin qu’elles garantissent des conditions de travail décentes. Près de 40 000 cartes de protestation sont envoyées.
2000
Alors que les regards du monde entier sont portés sur le Forum économique mondiale de Davos (WEF) qui reçoit le Président américain Bill Clinton, la DB inaugure un contre-sommet critique pour dénoncer le manque de transparence et de légitimité démocratique du WEF. Pour la plupart exclus de la manifestation officielle, les journalistes couvrent avec enthousiasme les premières éditions du Public Eye. Ces conférences de plusieurs jours réunissent des personnalités d’envergure, figures de proue de la défense des droits humains.
2001
L’OMC négocie discrètement un Accord Général sur le Commerce des Services (General Agreement on Trade in Services, GATS), promettant la libéralisation progressive de l’éducation, de la santé et des services publics. Cet accord ne servirait que les intérêts commerciaux, au détriment de la population. Imaginez, propose la DB, "si un géant de l’alimentaire disposait de l’approvisionnement en eau!" Des milliers de cartes de protestation demandant que les services publics ne soient pas libéralisés sont envoyées au Conseiller fédéral Pascal Couchepin. Les négociations GATS n’ont pas trouvé d’épilogue à ce jour.
2002
En coalition avec le réseau « Pesticide Action Network », la Déclaration de Berne entame une longue lutte contre le paraquat. Cet herbicide vendu par Syngenta est interdit en Suisse et dans l’Union européenne en raison de sa forte toxicité. Il cause chaque année des milliers d’empoisonnement dans les pays en développement. Des études montrent ses liens avec la maladie de Parkinson et son potentiel mutagène. Seize ans plus tard, le paraquat est interdit dans plus de cinquante pays. De nombreux labels, producteurs et distributeurs y ont renoncé. Mais Syngenta fait toujours la sourde oreille. Nous continuons à lutter contre le paraquat et d’autres pesticides hautement toxiques vendus par le géant bâlois.
2003
Alors que la Suisse continue d’offrir à ses entreprises pharmaceutiques une protection maximale des brevets sur leurs médicaments, la DB et l’Aide suisse contre le Sida, soutenues par plus de quarante organisations, interpellent le Conseil Fédéral afin d’exiger que la Suisse s’engage pour la réalisation du droit à la santé pour tous dans les pays en développement, notamment l’accès généralisé aux médicaments contre le VIH/sida. Elles demandent à l’industrie pharmaceutique (Roche en particulier) de revoir sa politique de prix pour les traitements contre le VIH/sida protégés par des brevets.
2003
Florence, durant le forum social européen: un groupe de militants discute «paradis fiscaux» autour d’un café et décide de créer le Tax Justice Network. Leur but? S’attaquer au système offshore. Pas juste parce qu’ils considèrent l’imposition comme un moyen essentiel d’atténuer les effets délétères du capitalisme débridé de ces années néolibérales, mais aussi parce que l’évasion fiscale est un enjeu central pour les pays en développement. Le réseau pour la justice fiscale – dont la Déclaration de Berne est un membre fondateur et qui se nomme aujourd’hui « Global Alliance for Tax Justice » - a contribué à placer la lutte contre l’évasion fiscale à l’agenda politique international et dans plusieurs pays.
2005
Alors que le Forum économique mondial tente d’intégrer la contestation en ouvrant ses portes, la DB créé les Public Eye Awards pour attirer l’attention des médias sur des cas de violations de droits humains et d’atteintes à l’environnement par des multinationales. Cette publicité permet de donner une voix aux victimes et de soutenir les campagnes menées par la société civile du monde entier. En 2015, nous décernons les derniers prix de la honte, déterminés à porter nos revendications dans l’arène politique suisse.
2008
Pour montrer qu’il est possible de produire des vêtements dans des conditions équitables, la DB propose un T-shirt exemplaire. Du champ de coton au Burkina Faso aux ateliers de couture en Inde, un documentaire retrace les étapes de production de ce vêtement à l’effigie de Sasi Rekha, l’une des nombreuses personnes ayant contribué à sa fabrication. Notre évaluation des entreprises souligne les progrès immenses à faire en matière de transparence et de respect des droits du travail.
2009
La marque de lingerie suisse Triumph licencie plus de 3600 ouvriers et ouvrières dans ses usines en Thaïlande et aux Philippines, sans consulter les syndicats. Avec le soutien de la Campagne Clean Clothes, ceux-ci déposent une plainte contre Triumph au point de contact national suisse pour violation des Principes directeurs de l’OCDE. En vain. En 2010, les couturières décident de produire leur propre ligne de sous-vêtements, «Try Arm». La DB assure la vente de ces culottes en Suisse afin de soutenir leur combat pour de meilleures conditions de travail dans l’industrie textile.
2009
La DB lance une campagne choc pour dénoncer la passivité des fabricants suisses face au travail des enfants dans les plantations de cacao en Afrique de l’Ouest. Alors que l’industrie a reconnu ce problème de longue date, la plupart des entreprises ne prennent aucune mesure crédible pour y remédier. Deux des principales sociétés suisses actives dans ce secteur, Nestlé et Barry Callebaut, ne daignent même pas répondre à nos questions. Cette campagne marque le début de notre travail de sensibilisation sur les côtés sombres de cette douceur dont les Suisses sont si friands.
2009
Le Conseil fédéral et l’assurance contre les risques à l’exportation helvétique annoncent leur retrait définitif du projet de barrage d’Ilisu, en Turquie. Pour la Déclaration de Berne, cette victoire vient couronner cinq ans de lutte pour empêcher que la construction de ce barrage ne puisse débuter sans le respect des standards environnementaux et sociaux de la Banque mondiale, notamment en matière de biens culturels et de déplacement de populations.
2009
La coalition internationale «No-patents-on-seeds», cofondée par la DB, remet à l’Office européen des brevets 100 000 signatures contre les brevets sur les plantes et animaux. Tomate, brocoli, poivron: nous luttons contre les manœuvres de géants comme Syngenta pour faire main-basse sur les semences, au nom du profit, et pour la sécurité alimentaire des êtres humains. En 2016, la coalition obtient notamment la révocation d’un brevet abusif de Monsanto sur le melon.
2010
Combien les couturières devraient-elles toucher en plus pour pouvoir vivre dignement? 10 centimes par T-shirt, un montant dérisoire au regard des bénéfices colossaux des géants de la mode! Alors qu’au Bangladesh et au Cambodge, des centaines de milliers d’ouvrières descendent dans la rue pour exiger de meilleures conditions de travail, la DB mène une campagne de sensibilisation. Plus de 31 000 messages de protestation ont été envoyés aux entreprises afin qu'elles garantissent le versement d’un salaire vital sur leur chaîne d’approvisionnement.
2011
Comment lutter contre l’impunité des multinationales? La DB participe à la création de la coalition «Droit sans frontières». Par une pétition munie de 135 285 signatures, ce réseau d’ONG demande aux autorités d’adopter des règles contraignantes pour obliger les sociétés domiciliées en Suisse à respecter les droits humains et l’environnement partout dans le monde. Après des débuts prometteurs, les débats suscités au Parlement tournent court en 2015, sous la pression des lobbies économiques. La coalition décide de lancer une initiative à ce sujet. C’est donc avec le soutien du peuple que David va tenter de gagner contre Goliath!
2011
Fruit d’un long travail d’enquête, «Swiss Trading SA» est le premier ouvrage de référence sur le secteur helvétique des matières premières. Il met en lumière le rôle central de la Suisse en tant que principale place de négoce et la responsabilité de géants comme Glencore, Trafigura & Cie dans la malédiction des ressources dont sont victimes les pays producteurs. La DB parvient ainsi à mettre à l’agenda médiatique et politique les problèmes liés à ce secteur opaque. Dans la foulée, quinze interventions parlementaires sont déposées à ce sujet. Cette publication marque le début d’une longue campagne pour lutter contre les dérives d’un modèle d’affaires à haut risque.
2012
Les enquêtes menées par la DB révèlent que les uniformes de police ou encore les tenues de camouflage de l’armée suisse sont produits dans des conditions très problématiques. En Macédoine, les couturières ne gagnent que 122 francs par mois! Par une vidéo pleine d’humour, la Déclaration de Berne demande à la Suisse d’ancrer de manière claire les critères sociaux dans la loi fédérale sur les marchés publics, en révision. Le début d’un long travail de plaidoyer!
2012
La DB dispose désormais d’un seul comité national, avec une représentation équilibrée des régions linguistiques. Pierrette Rohrbach est nommée présidente de cette nouvelle structure. Une direction «à quatre têtes» pilote l’organisation.
2013
La DB s’intéresse à la délocalisation des essais cliniques dans des pays en développement et émergents, où les violations éthiques sont fréquentes. Dans certains cas, les patients ignorent qu’ils avalent un traitement expérimental. Ils n’y ont souvent plus accès une fois l’essai terminé. Les contrôles menés par Swissmedic ne permettent pas de s’assurer que les médicaments vendus sur le marché helvétique ont été testés dans des conditions éthiques. Dans une campagne mettant en scène Alain Berset, la DB demande au ministre de la Santé de prendre des mesures concrètes pour remédier à ce scandale.
2014
En créant une autorité fictive de surveillance inspirée de la FINMA (autorité fédérale de surveil-lance des marchés financiers), la DB imagine pour la première fois à quoi la régulation du secteur suisse des matières premières pourrait ressembler. Le site www.rohma.ch décrit l’autorité dans son ensemble et définit les lois qui régiraient ses activités. Cette mesure permettrait de lutter contre la malédiction des ressources, en imposant des devoirs de diligence et de transparence aux sociétés actives en Suisse. Mark Pieth ou encore Bernard Bertossa font partie du Conseil d’administration symbolique de cet organe inspiré – en mieux – de la FINMA, l’autorité de surveillance des marchés financiers.
2015
Avec plus de 80 organisations, la DB lance l’initiative pour des multinationales responsables. Ce texte veut instaurer un devoir de diligence en matière de droits humains et d’environnement, en obligeant les sociétés à analyser les risques liés à leurs activités, à prendre des mesures pour y remédier et à les publier. En cas de négligences, les firmes pourront être tenues responsables des dommages causés par leurs filiales à l’étranger. Dick Marty, Cornelio Sommaruga, Micheline Calmy-Rey ainsi que d’autres personnalités sont représentés dans le comité. L’initiative est déposée à Berne en octobre 2016, avec 120 000 signatures. La votation aura certainement lieu en 2019.
2015
Comment la Suisse peut-elle importer des tonnes d’or du Togo alors que ce pays n’en produit pas? La DB révèle que cet or est issu de mines artisanales du Burkina Faso, où il est extrait par des enfants dans des conditions innommables. Le fruit de leur labeur est ensuite transporté par des contrebandiers jusqu’au Togo, puis importé par une société genevoise qui le revend à la raffinerie tessinoise Valcambi. Reprises par de nombreux médias, ces révélations montrent la nécessité de réguler le secteur suisse des matières premières.
2016
Le 21 mai 2016, les membres de la DB réunis en assemblée acceptent de la rebaptiser «Public Eye». Ce nouveau nom reflète sa mission centrale. Par un travail d’enquête, de plaidoyer et par ses campagnes, Public Eye lutte contre les injustices trouvant leur origine en Suisse, en demandant davantage d’équité et le respect des droits humains partout dans le monde. L’organisation se dote aussi d’une nouvelle identité visuelle et réinvente la maquette de son magazine.
2016
Public Eye dévoile la face cachée du marché très lucratif de la stévia. Pour redorer l’image de leurs sodas jugés trop sucrés et trop chimiques, Coca-Cola et PepsiCo commercialisent des produits édulcorés aux glycosides de stéviol, à coup de publicités trompeuses. Problème: les peuples Guaranis du Paraguay, qui ont découvert les propriétés de cette plante, ne profitent pas de ses retombées commerciales, contrairement à ce que prévoit la Convention sur la diversité biologique. 260 000 personnes signent notre pétition contre ce cas de biopiraterie. En 2016, Public Eye convainc plusieurs entreprises d’entrer en discussion avec les Guaranis sur un accord de partage des bénéfices.
2016
Public Eye révèle comment les négociants suisses profitent des faibles standards en Afrique pour produire et vendre des carburants à haute teneur en soufre, interdits en Europe, contribuant ainsi à l’explosion de la pollution dans les villes africaines. L’écho médiatique de notre rapport et de notre action symbolique (un container contenant l’air pollué du Ghana est ramené en Suisse) est retentissant. Une pétition signée par près de 20 000 personnes demande à Trafigura de cesser ce commerce illégitime. Alors que les sociétés suisses font la sourde oreille, cinq pays d’Afrique de l’Ouest s’engagent à réduire massivement la teneur en soufre autorisée dans le diesel. Un succès qui permettra de protéger la santé de plus de 250 millions de personnes!
2017
Public Eye divulguent des documents confidentiels adressés par Novartis au Ministère du Commerce et de l’Industrie colombien. Ceux-ci révèlent comment le géant suisse de la pharmaceutique a fait pression sur la Colombie en menaçant de recourir à un tribunal privé d’arbitrage international des investissements pour éviter l’émission d’une licence obligatoire sur son anticancéreux phare, le Glivec. Début 2018, une nouvelle lettre signée par le PDG de Novartis en personne et adressée au Président de la Colombie apporte un éclairage supplémentaire sur les méthodes de lobbying agressif pour faire pression sur les autorités colombiennes.
2017
Après deux ans d’enquête, Public Eye dévoile les pratiques douteuses du négociant en pétrole Gunvor au Congo. Le négociant a-t-il versé des pots-de-vin au clan présidentiel pour obtenir de juteux contrats, sur le dos de la population congolaise? Gunvor accable l’un de ses anciens employés. Mais une vidéo secrète, révélée par Public Eye, met la société dans l’embarras. À la veille de la publication de notre rapport, Gunvor annonce à l’agence Reuters être désormais prévenue dans cette affaire. De nouveaux éléments viennent mettre à mal la ligne de défense du négociant genevois.
2017
Suite aux révélations des Paradise Papers, Public Eye dépose une dénonciation pénale au Ministère public de la Confédération concernant les activités menées en République Démocratique du Congo par le géant suisse des matières premières, Glencore. En cause: son partenariat à haut risque avec l’homme d’affaires Dan Gertler et les indices de malversation entourant l’acquisition de mines de cuivre à des conditions très avantageuses. Fin janvier 2018, des médias révèlent que Gertler est sous enquête américaine pour corruption en RDC. L’argent aurait passé par des comptes helvétiques. Les Etats-Unis demandent l’entraide judiciaire à la Suisse.
2018
Pour fêter ses 50 ans, Public Eye lance un prix d’investigation pour soutenir des journalistes qui enquêtent dans des pays où les droits humains et l’environnement sont bafoués au nom du profit. Car leur regard est essentiel pour dénoncer ces injustices trouvant leur origine en Suisse. Le jury compte des journalistes de renom: Will Fitzgibbon (ICIJ), Anya Schiffrin (Columbia University) et Oliver Zihlmann (Tamedia).