Cancun: Non au libre-échange à tout prix - Syndicats, paysans et ONG présentent leurs revendication
26 août 2003
Le libre-échange à tout prix ne mène ni à un commerce équitable ni à un développement durable. Elles ont appelé le Conseil fédéral à s’engager à ce que le cycle de négociations commerciales soit, comme promis, un « cycle du développement » qui prenne en compte les besoins des pays pauvres.
Bastienne Joerchel de la Communauté de travail Swissaid, Action de Carême, Pain pour le prochain, Helvetas, Caritas et Eper, au nom de la Coordination Suisse–OMC, déplore que, deux semaines avant le début de la rencontre de Cancun, les négociations sont bloquées dans presque tous les domaines importants. La raison est que, contre les intérêts de la grande majorité des pays membres de l’OMC, les principaux pays industrialisés s’obstinent à défendre la voie de la libéralisation permanente. Bastienne Joerchel a appelé la Suisse à se prononcer pour des solutions favorables aux pays en développement dans les domaines tels que l’agriculture, les produits industriels et les services, et de renoncer au lancement de négociations sur les investissements.
Sur la question des brevets, Marianne Hochuli de la Déclaration de Berne demande à la Suisse de ne plus défendre uniquement les intérêts de l’industrie pharmaceutique. Notre pays doit honorer les promesses faites depuis des années pour améliorer l’accès des pays pauvres aux médicaments essentiels. Ces améliorations ne doivent toutefois pas servir de monnaie d’échange pour obtenir des pays en développement des concessions dans d’autres domaines.
Sur le dossier agricole, ce sont Jaques Bourgeois, directeur de l’Union suisse des paysans (USP), et Fernand Cuche, secrétaire d’Uniterre, qui ont pris la parole. Selon eux, les propositions pour la révision de l’accord sur l’agriculture visent uniquement de nouvelles libéralisations qui, si elles se réalisent, vont aggraver la situation déjà difficile de nombreux paysans dans le monde entier. « Ce serait un coup de grâce pour l’agriculture durable et de proximité », a déclaré le directeur de l’USP. Un nouvel accord doit prendre en compte la diversité des conditions de production agricole. Chaque pays devrait avoir le droit à une agriculture qui réponde à ses propres besoins, ont défendu les deux représentants du monde paysan. Fernand Cuche a même brandi la menace du référendum si d’importantes corrections n’étaient pas apportées au projet en discussion.
Beat Zemp, président de l’Association faîtière des enseignantes et des
enseignants suisses (ECH), a exprimé ses inquiétudes sur les négociations en cours dans le domaine des services (GATS). La santé et l’éducation risquent fort d’être soumises au marchandage commercial. C’est pourquoi Beat Zemp exhorte la Suisse à sortir explicitement de l’accord GATS toute prestation considérée au niveau national, cantonal et communal comme un service public.
Finalement, Miriam Behrens de Pro Natura a demandé à la Suisse de se prononcer pour un arrêt des négociations portant sur les relations entre droit commercial et accords multilatéraux sur l’environnement. Elle craint en effet que le droit environnemental ne soit soumis aux intérêts économiques par les ministres du commerce. Pour Miriam Behrens, ce n’est pas l’OMC mais l’ONU qui doit accueillir de telles négociations.