Credit Suisse et la destruction des forêts tropicales
31 mai 2002
L'entreprise de cellulose et papier Asia Pulp and Paper (APP) est responsable de la destruction d'une des forêts les plus riches du monde quant à sa biodiversité ainsi que du déplacement de communautés locales. Parmi les plus de 300 établissements bancaires indonésiens et étrangers qui ont participé au financement d'APP, le Credit Suisse occupe une place privilégiée. D'une part, Credit Suisse First Boston (CSFB) est l'un des plus gros soutiens financiers d'APP avec des placements pour un montant de 250 millions de dollars, d'autre part, CSFB s'est engagé l'année dernière comme conseiller pour le rééchelonnement de l'énorme dette du groupe.
Les difficultés économiques de l'entreprise – la dette d'APP s'élève à plus de 13 milliards de dollars – sont à mettre en relations étroites avec son comportement irresponsable du point de vue écologique et social. La bonne disposition des banques à l'égard d'APP a permis au groupe de bâtir des infrastructures de transformation surdimensionnées. L'avantage comparatif d'APP a consisté en la transformation de bois bon marché grâce à d'immenses coupes rases dans les forêts tropicales d'Indonésie. Alors qu'APP et d'autres entreprises indonésiennes ont inondé le marché mondial du papier avec des produits bon marché, on a assisté à une chute des prix de la cellulose et du papier. De ce fait, APP n'a plus été en mesure de rembourser sa dette.
Un représentant d'ACTARES, en collaboration avec la Déclaration de Berne, s'est adressé au Conseil d'administration à l'occasion de l'assemblée générale du Credit Suisse pour avoir de plus amples informations sur ce dossier. Les deux organisations demandent que le CSFB fasse usage de son mandat de conseiller pour mettre en œuvre des solutions durables du point de vue économique, social et écologique. Il s'agit de réduire les capacités des unités de production de la cellulose et de préserver de tout déboisement les zones encore intactes de forêt vierge. Enfin, la Déclaration de Berne et ACTARES demandent au Credit Suisse de tirer les conséquences de ces investissements désastreux. Il est souhaitable que la banque émette de nouvelles règles concernant ses investissements dans le secteur forestier, engage du personnel hautement qualifié dans ce domaine et exclue à l'avenir tout investissement dans des activités destructrices pour l'environnement.