Dirty Diesel: l’air pollué d’Afrique est renvoyé en Suisse
Zurich/Lausanne/Accra, 4 octobre 2016
Pendant près de trois semaines, le voyage du « Irenes Rainbow » pourra être visualisé sur www.dirtydiesel.ch. Grâce à un système de « shiptracking », le conteneur pourra être suivi en temps réel tandis qu’il parcourra les 7000 kilomètres séparant Accra du port d’Anvers. Il sera ensuite acheminé jusqu’à Genève, où il sera remis à Trafigura début novembre, en même temps que la pétition. Cette action fait suite à la publication, le 15 septembre dernier, du rapport « Dirty Diesel », qui a eu un écho retentissant dans la presse du monde entier et continue de faire les gros titres en Afrique de l’Ouest. Au Ghana, au Nigéria, au Mali, en Côte d’Ivoire et au Sénégal, les autorités responsables et des membres du gouvernement ont dû répondre à de nombreuses questions et critiques concernant les conséquences sanitaires des normes insuffisantes en matière de soufre et la mauvaise qualité des carburants.
Au Ghana, cette pression croissante a conduit la National Petroleum Authority à inviter notre partenaire, Africa Centre for Energy Policy, et d’autres acteurs à discuter d’une amélioration significative des standards en vigueur. La Ghana Chamber of Bulk Oil Distributors – la puissante association des importateurs de carburants – plaide désormais pour un alignement sur les standards en vigueur en Europe. Aux Pays-Bas, le rôle central joué par Rotterdam et Amsterdam dans la production de carburants toxiques destinés aux marchés africains suscite une vive controverse. La ministre néerlandaise du commerce, Lilianne Ploumen, a qualifié de « pur scandale » le fait que des sociétés exportent intentionnellement des carburants toxiques vers des pays où les standards sont plus faibles.
Dans sa réponse à la conseillère nationale genevoise Lisa Mazzone, le Conseil fédéral affirme quant à lui attendre aussi des entreprises établies en Suisse qu’elles « appliquent les standards et directives reconnues internationalement en matière de responsabilité sociétale des entreprises », notamment les Principes directeurs de l’ONU relatifs aux entreprises et aux droits humains. Dans leurs prises de position, les sociétés concernées se cachent toutefois derrière le respect des standards en vigueur dans les pays où elles opèrent. Si Trafigura, qui affirme vouloir devenir un « leader en matière de responsabilité sociale d’entreprise », décidait de montrer l’exemple en s’engageant à vendre des carburants de bonne qualité en Afrique, le conteneur serait livré à un autre négociant concerné à Genève.
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