Droits humains avant le libre-échange: le leader de l’opposition colombienne demande à Berne de renoncer à la ratification

Berne, 28.04.2009 - Le 25 mai prochain, le Conseil national doit ratifier l’Accord de libre-échange signé par l’Association européenne de libre-échange (AELE) et la Colombie. A cette occasion, le sénateur colombien, leader de l’opposition, Jorge Enrique Robledo a fait le déplacement en Suisse pour rencontrer des parlementaires fédéraux. Il a souligné les conséquences négatives d’un tel accord, qui saborderait les efforts en matière de droits humains et alourdirait le bilan déjà mauvais du gouvernement Uribe dans ce domaine.

La Colombie est un pays en conflit, très instable politiquement avec de graves et systématiques atteintes aux droits humains. Le Conseil fédéral reconnaît lui-même cette situation, qu’il qualifie explicitement de crise humanitaire. Dans ces conditions, la Suisse devrait suivre l’exemple de la Norvège et suspendre la ratification de l’accord bilatéral de libre-échange signé entre l’AELE et la Colombie en novembre 2008. C’est ce que demandent Alliance Sud, le Groupe de travail Suisse-Colombie et la Déclaration de Berne, les trois organisations à l’initiative de cette rencontre.
« La situation s’est globalement améliorée ces dernières années dans notre pays, mais pas de manière uniforme. Les violences ont augmenté dans certaines régions et envers certaines catégories de personnes comme les syndicalistes et les afro-indigènes. Il y a un lien direct entre les graves violations des droits humains et la politique économique du gouvernement Uribe, axée sur une exploitation intensive, voire abusive, des ressources naturelles et la production d’agrocarburants. Ce n’est pas un hasard si la Colombie est le pays le plus dangereux au monde pour les syndicalistes », a souligné Jorge Enrique Robledo, représentant du Polo Democratico Alternativo au Parlement national colombien.


« Si la Suisse ratifie cet accord, elle risque de saborder ses propres efforts ainsi que ceux des autres pays et de la société civile colombienne pour amener le gouvernement Uribe à de réels progrès en matière de droits humains » a-t-il encore ajouté. En mars 2009, le gouvernement norvégien, partenaire de la Suisse au sein de l’AELE aux côtés du Liechtenstein et de l’Islande, a retardé la ratification de l’accord à cause de la situation catastrophique des droits humains en Colombie. Elle demande des clarifications au gouvernement colombien et prévoit une visite d’évaluation sur place. La Norvège a ainsi emboîté le pas aux Etats-Unis, où la ratification d’un accord similaire est bloquée depuis plusieurs mois pour les mêmes raisons. En Colombie, le mouvement de protestation à l’égard de la politique de conclusion tous azimuts d’accords bilatéraux de libre-échange prend aussi de l’ampleur.

Pour plus d’informations:

  • Bastienne Joerchel, Alliance Sud, 079 445 94 87
  • Stephan Suhner, Groupe de travail Suisse-Colombie, 079 409 10 12