Echec des négociations à l’OMC : la sécurité alimentaire n’est pas négociable
30 juillet 2008
Doris Leuthard, cheffe du Département fédéral de l'économie (DFE), a qualifié jeudi les clauses de sauvegarde exigées par les pays en voie de développement « d’élément mineur » (Le Temps, 30 juillet 2008), montrant ainsi sa méconnaissance profonde des problèmes humanitaires et de la crise alimentaire mondiale qui a ébranlé les pays du Sud ces derniers mois. Si l’OMC souhaite façonner une politique régulant l’ensemble des transactions internationales, elle devrait commencer par abandonner son crédo du libre-échange à tout prix et prendre sérieusement en compte les facteurs sociaux.
Les dernières négociations avaient été placées sous le signe du développement. Cette promesse est toutefois restée lettre morte. En effet, l’Union européenne et les Etats-Unis n’ont montré aucune intention de renoncer à leurs intérêts en échange de meilleures conditions cadres pour les pays du Sud. Les pays industrialisés ont refusé de négocier un changement radical de leurs politiques agricoles, ce qui ne les a toutefois pas empêchés d’exiger une ouverture encore plus grande des marchés pour les produits manufacturés et les prestations de services, ouverture qui aurait sérieusement désavantagé les pays en voie de développement. Cette stratégie a conduit les négociations dans une impasse. Ce blocage a été aggravé par le fait que plusieurs pays du Sud dont l’Inde, le Brésil et la Chine, se sont montrés beaucoup moins disposés à se plier aux exigences des pays occidentaux, contrairement à ce qui s’est passé lors de l’Uruguay Round.
Un nouvel accord ne pourra être conclu à l’OMC que s’il accorde réellement une importance centrale au développement des pays du Sud. A l’avenir, les négociations devront aussi se dérouler de manière transparente et démocratique, et les tractations secrètes doivent être abandonnées dans les plus brefs délais. Les négociations entre groupes restreints dont tous les pays africains sont exclus sont inacceptables et n’amènent aucune amélioration substantielle.