Garantie contre les risques à l'exportation: la Déclaration de Berne critique sévèrement la décision positive du Conseil fédéral
28 mars 2007
Le oui de la Suisse permet aussi à la Turquie d'accéder à des crédits avantageux pour réaliser son projet de barrage hydroélectrique qui est contesté depuis bientôt 20 ans. La Déclaration de Berne (DB) critique la décision du Conseil fédéral en raison des conséquences pour les 50'000 personnes affectées par le projet: ces personnes perdront leurs terres ancestrales et leur patrimoine culturel en échange d'un avenir incertain dans une région où manquent le travail et la terre. L'organisation de politique de développement est extrêmement désappointée que la Suisse n'applique au barrage d'Ilisu ni les standards valables en Suisse, ni ceux auxquels elle a souscrit internationalement. L'implication des populations concernées dans la planification des barrages est ici visée en priorité. Dans le cas d'Ilisu, toutes les décisions ont eu lieu derrière des portes closes.
"Il est inacceptable et contradictoire avec tous les standards que la population concernée et les représentants municipaux élus n'aient pas été consultés", souligne Christine Eberlein de la DB. "Cela donne une image peu reluisante de la Suisse en tant que démocratie modèle. Avec cette décision, le Conseil fédéral s'est plié ouvertement à la pression du gouvernement turc et des intérêts particuliers de certains exportateurs suisses." La compatibilité du projet avec les lois turques n'a jamais été clarifiée, alors que des procédures judiciaires sont encore pendantes en Turquie.
Le catalogue de mesures d'amélioration du projet négociées avec la Turquie à la fin du mois de décembre est toujours tenu secret. En janvier, le Conseil fédéral promettait encore d'attendre que ces mesures soient concrétisées avant de se prononcer définitivement en faveur d'une assurance contre les risques à l'exportation. Cependant, sur place, aucune des cent conditions nécessaires n'a été visiblement satisfaite. Par exemple, les terres pour les personnes déplacées, les mesures pour leur assurer un revenu, la résolution des problèmes environnementaux, ainsi qu'un accord entre la Turquie et ses pays voisins font toujours défaut. La Suisse fait totalement confiance à la parole de la Turquie et aux rapports à venir d'une soi-disant commission d'experts. Pourtant, aucune personne concernée ou ONG n'en fait partie. Il est peu probable que l'assurance contre les risques à l'exportation soit refusée une fois les travaux commencés.
L'initiative locale pour le sauvetage d'Hasankeyf critique sévèrement que le patrimoine millénaire et les terrains environnants aient été sacrifiés pour un profit à court terme. Selon des sondages, près de 80% de la population locale est contre le projet de barrage. De plus, le barrage qui est proche de la frontière risque d'alimenter un conflit pour le partage de l'eau avec la Syrie et l'Irak voisins, si aucun accord international n'est conclu. "Le barrage d'Ilisu est un projet si dévastateur qu'il ne peut pas être amélioré par des corrections. Nous continuerons de nous battre pour sa cessation complète", déclare Ercan Ayboga, porte-parole de la campagne locale.