Génocide au Darfour – Pas de commerce avec la mort
29 octobre 2007
La Société pour les peuples menacés, la Déclaration de Berne, Genocide Intervention Network et Bank Track ont démontré l’implication des banques suisses dans des entreprises qui opèrent sur le marché pétrolier soudanais. 70% des recettes pétrolières du Soudan sont utilisées à des fins militaires. Selon Genocide Intervention Network, PetroChina, Sinopec (Chine), Petronas (Malaisie) et l’entreprise indienne Oil and Natural Gas Company (ONGC) appartiennent aux «highest offenders» (les plus grands malfaiteurs) impliqués directement ou indirectement dans le génocide au Darfour. Par ailleurs, PetroChina investit plus d’un milliard de dollars américains dans un projet de pipeline en Birmanie qui procurerait à la dictature militaire 150 millions de dollars américains de bénéfices par année.
Plusieurs instituts financiers suisses investissent dans les compagnies pétrolières mentionnées. Le groupe UBS détient des titres d’une valeur de 2,7 milliards de dollars américains, le groupe Credit Suisse d’environ 2,8 milliards. Des banques privées et cantonales investissent aussi plusieurs millions. De plus, UBS Securities Co prévoit d’effectuer pour le 5 novembre 2007 la cotation contestée de PetroChina à la bourse de Shanghai. Il s’agirait d’une des plus grandes ventes d’actions d’une valeur avoisinant 5,9 milliards de dollars américains.
Pour mettre un terme au génocide au Darfour, de fortes pressions économiquessont nécessaires. Les quatre ONG demandent donc aux banques suisses d’imposer à tous leurs clients opérant au Soudan des mesures contraignantes afin d’éviter qu’ils contribuent directement ou indirectement au génocide. Si les compagnies pétrolières nommées ne changent pas leur politique, les banques doivent se retirer. Dans ce cas, UBS doit abandonner la cotation de PetroChina. Comme le souligne Christoph Wiedmer, directeur de la Société des peuples menacés, « les milieux économiques ne peuvent plus fermer les yeux sur leurs responsabilités dans les régions où les droits humains sont violés dans de telles proportions. Les investisseurs doivent obtenir des gouvernements et des compagnies pétrolières concernés une réorientation de leurs agissements. Le cas échéant, ils doivent cesser toute relation commerciale avec ces entreprises douteuses.»
Les relations financières qu’entretiennent les banques avec des compagnies qui aident le Soudan à obtenir ses recettes du marché pétrolier ne représentent qu’un exemple – très grave – de la manière dont leurs agissements s’opposent aux droits humains. Selon Andreas Missbach de la Déclaration de Berne : « Les grandes banques UBS et Credit suisse doivent mettre au point un code de conduite substantiel, réalisable et transparent afin d’empêcher toute implication de leur part dans des violations des droits humains.»