Le paraquat de Syngenta: un pesticide à haut risque pour les paysans et les travailleurs en Inde
23 avril 2015
Communiqué de presse de la Déclaration de Berne, Pesticide Action Network et UITA
Genève/Penang/Thiruvananthapuram/Zurich, le 23 avril 2015
Le rapport publié aujourd’hui par la Déclaration de Berne, la fédération d’organisations syndicales UITA et le réseau international Pesticide Action Network documente les conditions scandaleuses dans lesquelles l’herbicide hautement toxique paraquat est utilisé en Inde. Ce produit phare de l’entreprise agrochimique suisse Syngenta, aussi vendu par d’autres sociétés, est interdit depuis longtemps dans plusieurs pays d’Afrique et d’Asie, au sein de l’Union européenne et en Suisse. Malgré sa dangerosité, le paraquat reste toutefois l’un des désherbants les plus utilisés au monde, en particulier dans les pays en développement, où son utilisation conduit à l’empoisonnement de nombreux travailleurs et paysans.
En Inde, le paraquat est parfois vendu dans des sacs plastiques. Même lorsqu’il est emballé correctement, de nombreux utilisateurs ne peuvent pas lire les instructions sur l’étiquette. Ils mélangent ce produit liquide avec d’autres ingrédients de manière illicite et le répandent souvent au moyen de vaporisateurs perméables, généralement sans équipement de protection. Ces pratiques augmentent les risques pour la santé de manière dramatique, provoquant des maux de tête et de ventre, des vomissements, des insuffisances respiratoires et des douleurs musculaires.
Dans les exploitations visitées pour cette étude, le paraquat est utilisé pour traiter 25 plantes de culture différentes, bien que le comité étatique d’enregistrement indien (CIBRC) n’ait approuvé son utilisation que pour 9 d’entre elles. Le géant suisse Syngenta n’hésite pas à recommander l’utilisation du paraquat sur des cultures pour lesquelles ce produit n’est pas autorisé, violant ainsi la loi indienne sur les pesticides. La commercialisation et l’utilisation du paraquat en Inde est aussi en contradiction flagrante avec le code de conduite international sur la gestion des pesticides. Le fabricant, les vendeurs et les autorités compétentes doivent prendre des mesures pour remédier à cette situation insoutenable.
Dans trois semaines, à Genève, les délégués des 154 Etats parties à la Convention de Rotterdam décideront si la formule la plus fréquemment vendue du paraquat doit être inclue dans ce traité. Les résultats du rapport « Conditions of paraquat use in India » soulignent la nécessité d’agir en ce sens et d’aider ainsi les pays en développement à se prononcer sur l’importation de paraquat en toute connaissance de cause.
Cette étude montre aussi à quel point la société bâloise Syngenta méprise son devoir de diligence en matière de droits humains. Afin de prévenir de tels abus, la Déclaration de Berne et 65 autres ONG suisses ont lancé cette semaine une initiative populaire pour des multinationales responsables. Cette initiative doit garantir que les entreprises suisses intègrent le respect des droits humains et des normes environnementales dans l’ensemble de leurs relations d’affaires.
Plus d’informations sur le paraquat ici ou auprès de:
François Meienberg, Déclaration de Berne, +41 44 277 70 04; food@evb.ch
Nous vous transmettrons volontiers les contacts des autres membres de la coalition ou de l’auteur de cette étude.
Téléchargez ici le rapport «Conditions of Paraquat Use in India» (en anglais):
http://issuu.com/erklaerungvbern/docs/evb_paraquat_en_4-15_v04?e=3524425/12444816