Le SECO n’assume pas son rôle d’arbitre dans le conflit entre Triumph et les syndicats asiatiques
31 janvier 2011
Alors que Triumph s’était dans un premier temps montré ouvert au processus de dialogue mis en place avec le SECO, elle a ensuite refusé de participer à toute rencontre de médiation abordant les détails de la plainte. Le SECO s’est incliné en laissant tomber le processus d’arbitrage sans qu’aucune résolution ne soit adoptée. Il n’a même pas été possible d’organiser une réunion entre les protagonistes.
Cette décision soudaine soulève des interrogations sur la volonté du SECO d’assumer son rôle d’arbitre impartial. Selon Melona Daclan de Defend Job Philippines, l’une des organisations plaignante, «le SECO s’est contenté de transmettre les courriers entre Triumph et les syndicats, sans jamais faire de propositions constructive pour organiser une rencontre ou pour enquêter sur le cas.»
Dans sa déclaration finale, le SECO ne se prononce pas sur une possible violation des principes directeurs de l’OCDE de la part de Triumph, et ne fait aucune recommandation afin d’en améliorer la mise en œuvre. «Les procédures de recours sont inutiles si les Points de contact nationaux ne prennent même pas la peine, de se déterminer sur le respect des principes de l’OCDE», explique Tessel Pauli de la Campagne Clean Clothes (CCC). «La déclaration finale du SECO permet en aucune manière de trouver une résolution dans le conflit entre la firme et les syndicats. Pire, cela donne l’impression d’une certaine impunité pour les entreprises.»
«Le manque d’implication du SECO dans ce dossier et le manque de fermeté de la déclaration finale soulignent la nécessité d’édicter des standards minimaux pour les Points de contact nationaux, afin que l’on puisse toujours mener de telles procédures à leurs termes», déclare Joseph Wilde-Ramsing d’OECD Watch, un réseau international d’ONG qui travaille pour promouvoir la responsabilité sociale des entreprises. «La mise à jour, en cours, des principes directeurs de l’OCDE, est l’occasion pour les gouvernements de renforcer les Points de contact nationaux et d’améliorer leur fonctionnement. Les Etats doivent rapidement saisir cette opportunité et réaliser les ajustements nécessaires.»
Le SECO a non seulement refusé d’organiser des réunions en Thaïlande ou aux Philippines, mais il n’a pas non plus offert son aide pour faire venir les syndicats en Suisse ou pour traduire la documentation sur le cas. Cela a compliqué l’accès et la participation au processus de médiation des plaignants et des victimes des licenciements. «C’est très décevant de voir le SECO refuser de donner sa chance aux syndicats et accepter de se laisser dicter l’agenda de la procédure par Triumph», a ajouté Heiner Köhnen de TIE Allemagne.