Les San en appellent au gouvernement suisse
6 mars 2013
Les San d'Afrique australe (Afrique du Sud, Namibie, Botswana et Angola) connaissent et utilisent depuis des siècles les qualités de coupe-faim du hoodia. Cette plante grasse est un moyen utilisé traditionnellement en cas de nécessité pour résister à la faim. Dans une lettre adressée au président de la Confédération, Moritz Leuenberger, et aux ministres compétents en Allemagne, les San demandent que les responsables politiques respectent les engagements qu’ils ont pris et faire cesser la vente illégale de produits contenant du hoodia. Les deux pays connaissent un commerce lucratif de produits au hoodia. Selon la Convention sur la biodiversité aucun produit avec du hoodia ne devrait être mis sur le marché ici sans consentement préalable des San et sans partage juste et équitable des bénéfices.
Sans qu’ils aient même été informés, un institut de recherche sud-africain a demandé et obtenu il y a quelques années un brevet sur la substance responsable de l’effet coupe-faim. Les San ont protesté et obtenu par la suite une participation aux bénéfices. Aucun des fabricants des produits commercialisés sur le marché n’a reçu à ce jour l’aval du titulaire du brevet ou peut se prévaloir d’un accord quelconque avec les San.
Petrus Vaalbooi, président du Conseil des San d’Afrique du Sud précise : « Nous sommes heureux de la reconnaissance de notre savoir traditionnel par la législation nationale et le droit international. Nous sommes fermement décidés à protéger juridiquement notre patrimoine. » Malheureusement, au jour d'aujourd'hui, le droit à un partage juste et équitable des bénéfices reste lettre morte. Il s’agit maintenant de passer de la parole aux actes.
La Déclaration de Berne (Suisse), le Evangelischen Entwicklungsdienst (Allemagne) et l’ONG sud-africaine Biowatch soutiennent les San dans leur lutte. « Dans le cadre de la Convention sur la biodiversité, la Suisse et l’Allemagne se sont toujours posées comme des championnes en matière d’accès et de partage juste et équitable des bénéfices. Elles devraient donc prendre au sérieux leurs responsabilités d’utilisateurs de ressources génétiques et de savoirs traditionnels et permettre aux San de faire valoir leurs droits. » explique François Meienberg de la Déclaration de Berne. Concrètement, cela signifie que les pays bénéficiaires doivent prendre des mesures pour empêcher la vente de produits acquis ou développés en contradiction avec la Convention sur la biodiversité. Ces mesures devraient également faire partie intégrante du nouveau régime international qui sera discuté lors de la prochaine conférence des parties de la Convention du 20 au 31 mars à Curitiba/Brésil. La Déclaration de Berne sera présente à la conférence.