Mandats d’arrêt contre la Campagne Clean Clothes
18 octobre 2007
Le fabricant de Jeans d’Inde du Sud Fibres and Fabrics International Pvt. Ltd. (FFI) dépose depuis un an environ des plaintes en diffamation contre toutes les voix critiques à son égard. Cette démarche a conduit à un précédent explosif: le 26 septembre dernier, un tribunal de la ville indienne de Bangalore a émis un mandat d’arrêt contre plusieurs employés de la campagne internationale Clean Clothes (CCC) pour cybercriminalité, activités racistes et diffamation. Il s’agit là de la première mise en accusation officielle de la campagne mondiale CCC. Devant l’absurdité évidente des différents chefs d’accusation, qui sont pourtant graves, on comprend aisément que cette plainte n’est autre qu’une tentative pour endiguer l’influence grandissante de CCC.
En automne 2005, le syndicat indien GATWU et les organisations du droit du travail Cividep et Munnade avaient informé CCC des violations massives du droit du travail commises par FFI. A l’époque, des travailleuses avaient fait état de sévères maltraitances physiques et psychiques de la part de leurs surveillants. Un rapport de CCC du 30 mars 2006 prouve en outre que les consignes de sécurité n’étaient pas respectées dans les usines, que les employés étaient forcés à effectuer des heures supplémentaires non rémunérées et que certains d’entre eux n’avaient pas reçu de contrat de travail.
En juillet 2006, une ordonnance judiciaire a interdit aux groupes de droit du travail de parler en public des conditions de travail chez FFI. Cette censure a maintenant été étendue aux organisations de la campagne CCC qui ont pris part à l’appel international contre FFI. Comme la campagne Clean Clothes a poursuivi sa critique, des mandats d’arrêt ont été émis à l’encontre de ses principaux activistes en Hollande, qui risquent désormais jusqu’à deux ans de détention en cas d’entrée sur le territoire indien. Les grands groupes IT, Antenna et Xs4all, qui ont fourni à CCC un accès internet lui permettant de diffuser ses critiques, sont également concernés par cet avis juridique. CCC a récemment reçu le soutien d’Amnesty International contre ce jugement. Dans sa prise de position du 2 octobre 2007, cette dernière condamne vivement cette entrave à la liberté d‘expression.
Des entreprises de marque bien implantées en Suisse comme Armani, G-Star, Guess et Mexx, sous-traitent à FFI. Armani se distingue de manière particulièrement négative en niant toute responsabilité. CCC appelle les consommateurs et les consommatrices en Suisse à protester contre les conditions de travail chez FFI et lance une action par lettres qui réclame le retrait de la plainte.