Un traitement anticancéreux de Novartis à 370’000 francs? Public Eye s’oppose au brevet du Kymriah
Lausanne/Zurich, 3 juillet 2019
La nouvelle thérapie de Novartis contre certains cancers du sang réfractaires ou en rechute est un exemple flagrant des dérives du système actuel: le Kymriah coûte 370'000 francs pour une injection. Cette procédure, qui consiste à reprogrammer génétiquement des lymphocytes T (globules blancs) du malade afin qu’ils reconnaissent et attaquent les cellules cancéreuses, est approuvée par Swissmedic depuis octobre 2018. Selon des experts, une centaine de personnes en Suisse seraient susceptibles d’en profiter. A l’avenir, ce type de procédé devrait toutefois jouer un rôle important pour traiter d’autres types de cancers, et le nombre de patient·e·s concerné·e·s par cette thérapie hors de prix va rapidement augmenter. La question de sa brevetabilité est donc centrale, d’autant plus que le Kymriah créé un précédent.
Le Kymriah n’est pas un médicament, mais une prestation médicale. Celle-ci n’a pas été inventée par Novartis, et son développement repose essentiellement sur des recherches et des financements publics. C’est pourquoi Public Eye a déposé aujourd’hui une opposition contre l’un des brevets du Kymriah auprès de l’Office européen des brevets à Munich, dont les décisions s’appliquent aussi en Suisse. Comme la commercialisation d’un traitement n’est pas liée au brevet, sa révocation n’aurait aucune influence négative sur la disponibilité du Kymriah. Elle représenterait en revanche un signal fort en matière de politique de santé contre l’utilisation abusive des droits de propriété intellectuelle et l’explosion incontrôlée des prix des médicaments. Les hôpitaux publics rencontreraient par ailleurs moins d’obstacles pour continuer à utiliser la technologie à la base du Kymriah.
Pour le président de la Recherche suisse contre le cancer, Thomas Cerny, rien ne justifie «les prix fantaisistes et totalement opaques de telles procédures» (SRF-Club). En 2018, Public Eye dénonçait de tels abus dans le cadre de sa campagne «Pour des médicaments abordables», en demandant au Conseil fédéral de recourir à la licence obligatoire, un instrument prévu par la législation helvétique, pour lutter contre les prix exorbitants des médicaments. Car en Suisse ou ailleurs, se soigner ne doit pas être une question d’argent.
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