Regard critique sur les 10 ans de l'OMC
13 avril 2005
Les règles de l’Organisation mondiale du commerce n’ont pas permis de réduire la pauvreté durant ces 10 dernières années. Imposant une libéralisation irréversible et un traitement non discriminatoire des investisseurs étrangers et nationaux, elles empêchent la mise en œuvre d’une politique économique orientées vers les plus pauvres et favorisant les entreprises locales.
Depuis la dernière conférence ministérielle de l’OMC à Cancún (Mexique, septembre 2003), le rapport de force entre pays industrialisés et pays en voie de développement s’est toutefois légèrement modifié. Reste à voir si cette nouvelle constellation permettra aux pays en développement de réellement défendre leurs intérêts.
On semble loin du compte pour l’instant. Lors du compromis adopté par le Conseil général de l’OMC en juillet dernier, les pays industrialisés ont certes promis d’abolir leurs énormes subventions à l’exportation dans le domaine agricole, mais sans fixer de délais contraignants. En échange, les pays en développement doivent supprimer les taxes douanières sur les produits industriels et ouvrir leurs marchés dans le secteur des services : la Déclaration de Berne estime que c’est un prix très élevé à payer pour ces pays.
Les pays industrialisés clament que sans ouverture des marchés dans les domaines de l’industrie et des services, le cycle du développement (entamé à Doha en 2001) n’aura plus de raison d’être. Le concept de «cycle du développement» est ainsi instrumentalisé par les pays industrialisés en fonction de leurs propres intérêts.
Au vu de ce bilan et des incertitudes pesant sur l’orientation des négociations en cours, la Déclaration de Berne demande qu’une évaluation des effets des accords en vigueur sur le développement des pays pauvres soit faite avant d’envisager la libéralisation de nouveaux secteurs économiques.
Cette évaluation doit en particulier porter sur l’impact des accords actuels sur les femmes. Elles constituent le 70% des pauvres et leur devenir est complètement absent des négociations commerciales. Pour attirer l’attention sur cette réalité, une table ronde regroupera des expertes de l’«International Gender and Trade Network IGTN» le jeudi 21 avril 2005 au siège de l’OMC à Genève.