Schneider-Ammann en Chine: une lettre ouverte lui rappelle de s’engager pour les droits humains
8 juillet 2012
La Suisse veut conclure, d’ici la fin de l’année, un accord de libre-échange avec la Chine; elle serait ainsi le premier pays européen à signer un tel accord avec l’Empire du Milieu. La Commission de politique extérieure du Conseil national a chargé le Conseil fédéral d’intégrer dans l’accord un chapitre sur le développement durable, contenant en particulier les «principes défendus par les conventions fondamentales de l’Organisation internationale du travail (OIT)».
Alliance Sud, la Déclaration de Berne, la Société pour les peuples menacés, la Société pour l’amitié helvético-tibétaine et Solidar sont consternées par les signaux donnés, jusqu’à maintenant, par le Secrétariat d’Etat à l’économie, qui joue un rôle dirigeant dans ces négociations. Pour le SECO, la Suisse est en position de «solliciteuse» et la question des droits humains ne pourrait donc, au mieux, que figurer dans le préambule, une partie non contraignante de l’accord, explique la délégation suisse chargée des négociations à la NZZ.
C’est largement insuffisant. Dans une lettre ouverte publiée aujourd’hui par Le Temps, ces ONG demandent au conseiller fédéral Schneider-Ammann de manifester davantage de courage. Il doit s’engager afin que l’accord de libre-échange avec la Suisse contienne des prescriptions contraignantes et tangibles en matière de protection des droits humains et du travail.
«Si le Conseil fédéral passe outre cette revendication — et ce faisant aussi le mandat de la Commission de politique extérieure, nous combattrons l’accord, que ce soit au parlement ou par un référendum», précise Hans-Jürg Fehr, conseiller national socialiste et président de Solidar Suisse. «Sans commerce respectueux du droit, il ne peut y avoir d’accord de libre-échange avec la Chine.»
Les camps de travail forcé constituent un exemple particulièrement choquant de violation des droits humains. Il en existe plus d’un millier en Chine. On estime que trois à cinq millions de prisonniers et prisonnières (politiques, pour la plupart) y travaillent. On ne saurait admettre que des marchandises issues du travail forcé profitent de l’accord de libre-échange et viennent concurrencer des produits helvétiques sur notre marché intérieur. D’autres points, comme les libertés syndicales ou la protection des minorités, doivent aussi figurer dans l’accord avec la Chine.
N.B. En septembre, à la demande des ONG signataires, Harry Wu viendra en Suisse. Wu a été interné durant 19 ans dans un camp de travail forcé. Il dirige aujourd’hui la Laogai Research Foundation, à Washington. Nous vous ferons volontiers parvenir des informations supplémentaires à ce propos.