Un plan d’action est nécessaire dans l’industrie des vêtements de sport
28 avril 2004
Pour amener les producteurs à fabriquer des vêtements de sport dans des conditions équitables, la route est longue et fatigante, comme le marathon olympique. Contrairement à ce que nous promet la publicité – des chaussures qui nous feront parcourir les 42,195 kilomètres du marathon comme sur un nuage -, l’industrie des vêtements de sport n’est toujours pas sortie de l’arbitraire et continue généralement de violer les droits fondamentaux. Le rapport «Play Fair at the Olympics», présenté par la campagne Clean Clothes, Oxfam International et le réseau de syndicats Global Unions à l’occasion du coup d’envoi de la présente campagne, en apporte la démonstration. «Le quotidien dans les usines est fait de salaires de misère, d’heures supplémentaires effectuées sous la contrainte, d’amendes infligées pour des défauts de fabrication et de licenciements de syndicalistes», a rappelé aujourd’hui Jean-Claude Prince, de l’USS, citant le rapport en question devant les journalistes.
Rien n’évoluera si ce n’est sous la pression de l’opinion publique!
Les multinationales les plus vivement critiquées ces dernières années ont pris quelques premières mesures pour améliorer les conditions de travail dans leurs fabriques. En janvier 2004, après une campagne de dénonciation de plusieurs années, Puma a fini par accepter de s’attaquer au problème dans le cadre de Fair Labour Organisation (FLA), comme l’avaient fait auparavant le trio qui domine le marché, Nike, Adidas et Reebok. Mais Puma n’en est encore qu’au 1er kilomètre de son marathon. D’autres marques moins connues - Mizuno, Asics, Fila, Kappa ou Lotto – n’ont encore rien ou presque rien entrepris. À coups de campagnes marketing agressives, ces fabricants d’équipements durcissent la compétition pour les parts de marché. «Les prix des vêtements de sport n’ont cessé de baisser ces dernières années dans les magasins, bien que les coûts de production augmentent. Cette concurrence féroce s’est faite sur le dos du personnel», relève Stefan Indermühle, de la Déclaration de Berne. Le dumping social pratiqué par une entreprise annihile par ailleurs les bonnes résolutions prises par les autres.
Un plan d’action pour tout le secteur, d’Athènes à Pékin!
C’est pourquoi le mouvement olympique et le CIO au premier chef doivent prendre des initiatives sérieuses pour faire produire les vêtements de sport dans des conditions équitables. La tâche semble très facile, puisqu’il leur suffirait de modifier les contrats de licence et de sponsoring. À ce jour, les fédérations olympiques ont ignoré ce scandale de manière inacceptable. Le fair-play n’a jamais été considéré comme un préalable à la signature de contrats, ni pour les sponsors des Jeux Olympiques d’Athènes en 2004 (par ex. Adidas), ni pour les fabricants des tenues officielles (Mizuno), ni pour les innombrables producteurs d’articles olympiques bénéficiaires d’une licence. le CIO montre la voie, les comités nationaux et les marques suivront. Les articles de marketing pour les J.O. d’Athènes sont pour ainsi dire d’ores et déjà produits. En prévision des Jeux de Pékin en 2008, un plan d’action à l’échelle de la branche devrait être mis au point. La campagne "Jouez le jeu pour les JO" a été discuté aussi au Parlement européen à Strassbourg. Selon la résolution adopté le 22 avril 2004 il invite la Commission à collaborer avec l'OIT pour s'assurer que le CIO inclut le respect des droits du travail internationalement acceptés dans ses principes fondamentaux, dans la Charte olympique. Il demande instamment aux acteurs (WFSGI, CIO, industrie) qu'ils doivent présenter des mesures concrètes et identifiables visant à une solution sectorielle qui respecte entièrement les normes de travail établies par l'OIT. Les organisations représentatives de la politique de développement, de la protection des consommateurs et consommatrices, du commerce équitable, ainsi que les syndicats et les associations de jeunesse, qui soutiennent tous la campagne lancée à l’occasion des Jeux Olympiques, sont convaincus que, si le CIO, les marques et l’OIT, l’Organisation internationale du travail, réussissent à coopérer, les problèmes peuvent être surmontés. Ensemble, ils nous engagent à signer l’Appel olympique suisse au nom d’un groupe ou en notre nom personnel (voir sous: www.ladb.ch).
Qui nous fabriquera un maillot dans la dignité?
En Suisse, Intersport, Ochsner, SportXX, Athlethicum réalisent une grande partie du chiffre d’affaires des équipements de sport. Ces commerces vendent aussi des articles de marques moins importantes. Clean Clothes, la Déclaration de Berne et l’Union syndicale suisse ne s’adressent donc pas seulement au CIO pour exiger des vêtements produits dans la dignité; la campagne cible aussi les détaillants suisses. Il y a longtemps que les joueurs de RotoR, qui participent au championnat de la ligue de football alternative de Zurich, souhaitent arborer une tenue fabriquée dans des conditions dignes et équitables. Ils ont donc été logiquement la première équipe à signer l’Appel olympique destiné aux groupes.
Solidarité intercontinentale parmi les jeunes
Le Conseil suisse des activités de jeunesse (CSAJ) soutient lui aussi la campagne et invite ses organisations membres à poursuivre le travail d’information et à inciter chaque association ou groupement à signer l’Appel olympique. Les jeunes sont particulièrement révoltés par des telles injustices. On les comprend. Les personnes qui cousent nos survêtements en Asie ou en Afrique – 80% sont du reste des femmes – sont souvent très jeunes. La plupart ont entre 15 et 25 ans, soit précisément l’âge des membres des organisations de jeunesse. Le soutien de la campagne est donc aussi un acte de solidarité entre jeunes. Ce ne sont donc pas seulement les clubs sportifs qui sont visés. Toutes les sociétés ou groupements ayant des activités sportives – même les randonneurs ou les amateurs de sports de camp et trekking – peuvent signer l’appel. En août seront publiés les résultats de la campagne. Pour le moment, l’important est d’obtenir le soutien de l’opinion publique, des clubs et des particuliers, pour que les signatures au bas de l’Appel olympique soient le plus nombreuses possible.