Une décision scandaleuse:la Banque mondiale accepte de financer le pipeline Bakou-Tbilissi-Ceyhan
6 novembre 2003
Ce projet, connu sous le nom de d’oléoduc BTC (Bakou – Tbilissi – Ceyhan), permettra, dès 2005, de transporter un million de barils de brut par jour à travers l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie. L’investissement prévu se monte à 3,6 milliards de dollars. BP, qui dirige le consortium développant ce projet, souhaite ainsi amener le pétrole de la mer Caspienne sur les marchés occidentaux en contournant des pays comme la Russie ou l’Iran. La Banque mondiale justifie la décision prise avant-hier d’accorder un crédit de 250 millions de dollars par son expérience dans la gestion de projets sensibles du point de vue social et environnemental.
Dès le départ, les Organisations non gouvernementales ont dénoncé ce projet. Il traverse des réserves naturelles, des zones sismiques actives ainsi que des régions où se déroulent des conflits ethniques.
La décision de la Société financière internationale (SFI) sonne le glas de la crédibilité des directives sociales et environnementales de la Banque mondiale. Ce projet viole 173 fois ces dernières, selon une étude d’ONG internationales. En outre, la décision de la SFI cautionne les accords passés entre le consortium et les gouvernements hôtes. Ces accords enlèvent toute possibilité de consultation des populations locales.
Ils empêchent les gouvernements d’appliquer leur législation sociale et environnementale et les rendent responsables des dédommagements à accorder en cas de pollution ou de déplacement de population.
" Le Conseil d’administration de la Société financière internationale a ignoré les risques d’un tel pipeline au profit des considérations géostratégiques des multinationales pétrolières d’Europe et des Etats-Unis. Il est connu que les gouvernements de cette région politiquement instable sont largement corrompus et qu’aucune compensation ne sera versée aux personnes déplacées " estime Christine Eberlein de la Déclaration de Berne.
La Déclaration de Berne appelle le directeur exécutif suisse de la Banque mondiale à prendre au sérieux sa responsabilité. La Société financière internationale doit refuser de financer des projets qui remettent en cause les engagements internationaux des pays concernés ainsi que les lois nationales en matière de droits humains et environnementaux. Par ailleurs, elle doit uniquement s’engager dans des projets libres de toute corruption.