Appel contre les coupes budgétaires dans la coopération au développement
4 avril 2016
Cette proposition est inacceptable sachant que, l’année dernière, la Suisse s’est prononcée à deux reprises en faveur de «l’objectif de 0,7%» de l’ONU: en juillet à Addis-Abeba, à la conférence de l’ONU sur le financement du développement, puis en septembre au sommet de l’ONU de New York où ont été adoptés les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030. L’objectif de 0,7% de l’ONU prévoit que les riches pays industrialisés soutiennent chaque année les pays en développement en allouant 0,7% de leur revenu national brut (RNB) à l’aide publique au développement.
Dans le cas de la Suisse, cela aurait représenté 4,5 milliards de francs en 2014. Dans les faits, les dépenses publiques pour la coopération internationale ont atteint 3,2 milliards, ce qui représente 0,5% du RNB. Ainsi, la Suisse a mis en œuvre pour la première fois la décision du Parlement de 2008, reconfirmée en 2011. Un bon compromis helvétique: la Suisse montrait son intention de se placer dans la moyenne des pays riches, sans se mesurer aux plus généreux (Suède: 1,09%; Norvège: 1 %; Grande Bretagne: 0,7%).
On pourrait penser, malgré tout, que la Suisse est en bon chemin. Toutefois, n’oublions pas que les rapports de force au sein du Parlement ont changé depuis 2008 – et que la pression sur les dépenses liées à la coopération au développement a énormément augmenté au cours des dernières années. Il est pourtant inacceptable qu'un pays riche comme la Suisse sabre dans la lutte contre la pauvreté alors que, chaque jour, des hommes et des femmes sans perspective d’avenir sont contraints de fuir leur pays en raison de conflits, de la faim ou de la pauvreté.
Augmenter l’aide d’urgence au détriment de la coopération au développement à long terme?
Pour les années 2017 à 2020, le Conseil fédéral prévoit d’augmenter les dépenses liées à l’aide d’urgence. Une mesure certes nécessaire et importante. Mais il est absurde de le faire au détriment de la coopération au développement à long terme. La Suisse ne doit pas être présente seulement dans les situations d’urgence. Notre tradition humaniste exige aussi que nous nous engagions en faveur de la construction de sociétés justes et de la promotion de l'Etat de droit. Au nom de ces valeurs, il est essentiel de soutenir les efforts internationaux pour garantir à tous une existence sûre, libre et digne. Au lieu d’économiser sur le dos des plus pauvres, la Suisse doit contribuer à réaliser les nouveaux objectifs de développement durable, auxquels le Conseil fédéral a souscrit en automne 2015.
Les crédits alloués à la coopération suisse au développement pour les quatre prochaines années seront votés prochainement au Parlement. Le Conseil national se prononcera à la session d’été, puis le Conseil des Etats à la session d’automne. Le 22 mars 2016, la première commission à s’emparer de l’objet, la Commission des finances du Conseil national, a conseillé à la Chambre basse de diminuer la coopération au développement des quelque 0,5% aujourd’hui à 0,4%. Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), en charge du dossier sous la houlette du conseiller fédéral Didier Burkhalter, perdrait ainsi environ 20% de son budget. Cela constituerait un véritable démembrement de la politique étrangère menée par la Suisse jusqu’à ce jour, et ce sans aucun débat public.
Depuis près de cinquante ans, la Déclaration de Berne s’engage pour une Suisse ouverte et solidaire. Elle avait déjà soutenu la campagne «0.7 % – ensemble contre la pauvreté» lancée en 2007. Aujourd’hui, nous restons attachés aux mêmes valeurs et appelons à la signature du nouvel appel au Parlement suisse.
Signez sans tarder «l’appel contre la faim et la pauvreté»!
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