Informations sur la technologie «Terminator»
8 mars 2006
Les critiques mondiales ont débouché sur un moratoire
En mars 1998, l'entreprise de semences états-unienne Delta & Pine Land et le Ministère états-unien de l’agriculture ont demandé un brevet sur les «techniques de restriction de l’utilisation des gènes». Pour la première fois, ces techniques ont ainsi été rendues publiques. Les protestations massives qui se sont élevées dans le monde entier ont amené les Etats membres de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique (CBD) à recommander en 2000 un moratoire empêchant provisoirement, à l’échelle mondiale, la culture et les essais en pleins champs de plantes Terminator2. Une enquête de la FAO menée dans le cadre de la Convention révèle qu’une telle technologie présente non seulement des risques écologiques mais aussi des risques socioéconomiques3. En effet elle met en danger l’échange traditionnel de semences, la diversité des plantes vivrières et, ainsi la sécurité alimentaire. Des organisations et personnalités de tous horizons culturels considèrent le développement intentionnel de semences stériles comme une atteinte au droit humain à l’alimentation et à la dignité de la nature.
La pression de l’industrie menace le moratoire
Les nombreux brevets et annonces de brevets sur la technologie Terminator prouvent que l’intérêt de l’industrie est plus grand que jamais. L’entreprise suisse Syngenta occupe en l'occurence une position de leader: elle détient près d’un tiers des brevets importants.
Pendant les négociations de préparation à la 8ème Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique de février 2005, les lobbies de l’industrie des semences ont tenté, à travers les Gouvernements canadien et australien, de supprimer le moratoire de fait sur la technologie Terminator en vigueur depuis cinq ans. Ils se sont efforcés de vendre cette technologie contraire à la vie comme une protection efficace contre le croisement de plantes génétiquement modifiées (OGM), c’est-à-dire comme un instrument de sécurité biologique, et de l’ancrer ainsi dans des traités internationaux. Selon eux, le problème du croisement des OGM devraitt maintenant être résolu par un procédé technique supplémentaire, la technologie Terminator. Cette dernière n'empêche pourtant pas toute une série d’erreurs potentielles liées aux interactions compliquées des gènes introduits dans la plante. La technologie Terminator n’est donc pas un moyen approprié d’éviter la contamination par des pollens ou des graines de plantes transgéniques. Elle sert uniquement les intérêts des groupes industriels.
Le plan préparé voici un an risque maintenant d’aboutir : la Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique a lieu en mars 2006. Les Gouvernements du Canada, de Nouvelle-Zélande et d’Australie tenteront alors de lever définitivement le moratoire sur la commercialisation de la technologie Terminator ou en tout cas de l’édulcorer.
Une menace pour la souveraineté alimentaire
Dans le monde entier, des organisations paysannes, ainsi que des organisations de protection de l’environnement et de coopération au développement luttent pour le maintien et t la consolidation à long terme du moratoire. Car la technologie Terminator est une forme particulièrement cynique et dangereuse d’application agricole du génie génétique. Elle ne présente aucun intérêt pour les paysans, n’améliore pas la valeur des semences, mais tend uniquement à procurer à l’industrie un contrôle total des semences et, par conséquent, de l’alimentation mondiale.
C’est pourquoi la technologie Terminator doit être interdite dans le monde entier.