Les pays riches mettent en péril l’accès pour tous aux vaccins pandémiques
18 mai 2009
Plus de deux semaines après le passage au niveau 5 d’alerte pandémique (sur 6), une réunion intergouvernementale s’est tenue les 15 et 16 mai au siège de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sur le thème de l’échange des virus influenza et de l’accès au (futur) vaccin. Il s’agissait de résoudre le différent opposant depuis 2007 pays du Sud et du Nord au sein du réseau de surveillance OMS. L’Indonésie avait alors demandé – suivie par d’autres pays du Sud – le respect de la souveraineté sur ses ressources biologiques et un partage équitable des bénéfices, comme le lui autorise la Convention sur la Biodiversité (CBD).
Certains laboratoires et compagnies pharmaceutiques du Nord ont en effet profité des lacunes du système d’échange de virus influenza de l’OMS pour déposer des brevets sur tout ou partie du matériel viral mis à disposition librement par les pays les plus touchés, ou des procédés et produits en résultant (tests diagnostiques, prototypes de vaccins). Au sens de la CBD, cet acte est qualifié de biopiraterie sans le consentement éclairé du pays de provenance. En outre, la multiplication des brevets autour du matériel viral rend l’accès au vaccin, dont 90% de la production mondiale est située dans les pays riches, plus difficile pour les pays en développement.
La DB condamne l’opportunisme et le cynisme de l’industrie pharmaceutique du Nord, qui tente par tous les moyens de disposer d’un libre-accès aux virus échangés au sein du système de l’OMS sans devoir en partager tous les bénéfices avec les pays sources du Sud. Or si les pays touchés n’échangeaient pas les virus en circulation, il ne pourrait y avoir de vaccin pour personne. La DB déplore également l’attitude protectionniste des gouvernements des pays riches vis-à-vis de leurs compagnies pharmaceutiques.
Les experts s’accordent pour dire qu’une pandémie deviendrait très vite incontrôlable et aurait des répercussions beaucoup plus dramatiques dans les pays pauvres, du fait de systèmes de santé et de moyens de lutte inadéquats. On sait déjà que la production de vaccin n’arrivera pas à satisfaire simultanément toute la demande mondiale, mais on devine déjà qui sera servi en premier. La plupart des pays riches ont en effet mis en place des stocks nationaux et opté pour des contrats de réservation du futur vaccin, réduisant d’autant l’accès des pays du Sud à ces ressources vitales.