Nominations aux Public Eye Awards 2013
26 janvier 2013
Sept entreprises provenant de quatre continents, dont une compagnie suisse, sont nominées pour le prix de la honte:
Le groupe énergétique suisse Repower veut construire une centrale à charbon dans la Calabre italienne alors que la population locale s’y oppose. L’emplacement prévu pour le chantier se situe au cœur du territoire de l’organisation mafieuse probablement la plus influente en Italie et en Europe, la ‘Ndrangheta. C’est tout à fait consciemment que Repower est entré dans le jeu de la corruption politique et de la mafia, afin de bâtir une centrale à charbon non seulement non désirée mais en outre insoutenable tant socialement qu’écologiquement. La détermination de la société à mener à bien son projet a notamment conduit Berlusconi à édicter une « Lex Repower » qui prive les régions de leur droit de participation à la décision.
Alstom, le groupe français d’énergie et de transports, est impliqué dans divers scandales de corruption dans le monde entier. La démarche de la société est bien rôdée: pour obtenir des mandats, Alstom verse des pots-de-vin aux représentants politiques locaux, parfois jusqu’à plusieurs millions. Vu la fréquence des cas rendus publics, la question se pose de savoir s’il ne s’agit pas là en réalité d’une stratégie commerciale savamment orchestrée.
Avec ses 400 millions de tonnes de production par an, l’entreprise indienne Coal India est le numéro un mondial du charbon. La société exploite 90% des centrales à charbon en Inde et souhaite en construire de nouvelles, ce qui placerait le sous-continent au troisième rang mondial des émetteurs de CO2. Les mines de houille détruisent l’habitat de grands mammifères et privent des peuples autochtones de leurs terres d’origine, les contraignant à vivre dans une pauvreté extrême.
Les quelque 650 000 collaborateurs du prestataire de sécurité britannique G4S font de ce dernier la plus grande armée privée du monde. Les forces de sécurité sont souvent mal formées et mal payées. La société, active dans 125 pays, est impliquée dans de nombreuses affaires de violation du droit international et des droits humains. G4S est présent dans les Territoires palestiniens illégalement occupés où elle est en charge de checkpoints et de prisons. Parallèlement, la société effectue des missions dans d’autres zones de conflit pour le compte de régimes répressifs, notamment en Afghanistan, en Irak, au Bahreïn ou encore en Arabie Saoudite.
Le vampire de la finance Goldman Sachs semble quant à lui adorer les bulles financières. Qu’il s’agisse de la faillite des subprimes, de l’euro ou de banques, la société profite grassement de chaque crise de grande ampleur. Elle n’hésite pas non plus à faire plonger des Etats entiers dans la ruine. Les montages financiers de Goldman Sachs ont conduit la Grèce à sa ruine et déclenché la crise qui plombe actuellement la zone euro. Au passage, la banque a amassé un joli pécule: plusieurs milliards de dollars sur le dos de la population européenne. Goldman Sachs entretient un réseau opaque et unique en son genre qui s’étend dans le monde entier. Il compte d’anciens cadres de la banque qui occupent désormais des postes politiques de premier ordre, notamment Mario Draghi, le président de la BCE.
Des responsables de Lonmin, numéro trois mondial de l’industrie minière et du secteur du platine en particulier, ont exhorté le ministère sud-africain du secteur minier à prendre les mesures qui s’imposaient» contre des travailleurs en grève de la mine de Marikana, c’est-à-dire en faisant appel à la police ou à l’armée. Peu après, 44 mineurs manifestants ont été abattus par la police et 77 autres grièvement blessés. Le lendemain du massacre, Lonmin a menacé de licenciement tous les mineurs qui poursuivraient la grève. Vivant dans une pauvreté absolue, les travailleurs avaient cessé de travailler parce qu’à plusieurs reprises la direction de Lonmin ne s’était pas présentée à des négociations salariales.
Shell veut à tout prix entreprendre des forages en Arctique pour rechercher des hydrocarbures. La société pétrolière ignore les mises en garde des scientifiques quant aux risques de catastrophes ainsi que le souhait de millions de personnes de préserver la région polaire. Pete Slaiby, vice-président de Shell Alaska, a déclaré sur la BBC : «Pas besoin d’enjoliver la situation, je pense qu’il y aura des accidents pétroliers et aucun accident n’est ok.» Malgré cette remarque exprimant la voix de la raison et en dépit d’une série de pannes lors des premiers préparatifs en Arctique, il n’est pas encore venu à l’esprit des responsables de Shell d’investir plus d’argent dans des dispositifs de sécurité. La société a de surcroît rayé de sa stratégie à long terme la conversion dans les énergies renouvelables.