Kolmar: un fleuron zougois né dans la nébuleuse de Marc Rich
La société privée Kolmar Group SA a vu le jour à Zoug en 1997, sous le nom de Kolmar Petrochemicals AG, d’abord active dans le négoce de produits pétrochimiques. Selon les documents de constitution, elle compte parmi ses fondateurs la holding du célèbre Marc Rich (Marc Rich + Co Holding GmbH), le fondateur de Glencore. Ses deux autres actionnaires sont ChemCore SA, détenue par Ruth Sandelowsky, une ancienne de Phibro (la compagnie où Marc Rich a démarré sa carrière), et le géant suisse des fertilisants Ameropa. En 2016, une filiale de ce dernier a été condamnée par le Ministère public de la Confédération pour des faits de corruption en Libye en 2007.
Depuis, Kolmar a grossi et s’est réorganisée, se lançant au début des années 2010 dans le négoce de produits pétroliers. Ruth Sandelowsky, à présent CEO, et son partenaire Rafael Aviner – domicilié aux États-Unis – sont aux commandes, sans que l’on puisse savoir qui sont aujourd’hui les actionnaires, puisque la société n’est pas cotée en bourse. L’avocat d’affaires Josef Bollag, consul honoraire d’Ukraine à Zoug, était membre du Conseil d’administration jusqu’en juillet 2019.
Kolmar s’est imposée comme l’un des petits fleurons du canton de Zoug. Il suffit pour s’en persuader de consulter le site de la promotion économique, qui met en exergue une aimable citation de Ruth Sandelowsky vantant le «grand professionnalisme» des autorités cantonales, lesquelles ont accueilli Kolmar «à bras ouverts».
La maison ne régate pas dans la catégorie des gros négociants comme Glencore ou Trafigura, mais c’est un acteur important sur le marché des biocarburants. Elle compte 250 collaborateurs, indique son site internet. Selon le journal alémanique Handelszeitung, Kolmar a réalisé un chiffre d’affaires d’environ 4 milliards de francs en 2018. Membre de la Swiss Trading and Shipping Association (STSA), elle est implantée dans une vingtaine de pays, en particulier à Singapour et aux États-Unis, où elle a ouvert une filiale et acheté en 2016 une usine de biocarburant dans le Connecticut.
Malgré plusieurs demandes, Kolmar Group SA n’a pas répondu aux questions posées par Public Eye et Trial International durant leur enquête. Elle a toutefois demandé un droit de réponse à notre rapport, publié ici.
Public Eye maintient sa présentation des faits.