Barrage d’Ilisu: le Conseil fédéral va-t-il s’aplatir devant la Turquie?
14 mars 2007
Malgré les réserves émises, le Conseil fédéral a, en décembre dernier, pris la décision de principe d’accorder la garantie contre les risques à l’exportation aux quatre firmes suisses (Stucky, Colenco, Maggia et Alstom) impliquées dans le projet de barrage d’Ilisu dans le sud-est de la Turquie. A ce moment-là, il a été convenu que la Turquie devait impérativement remplir 30 conditions supplémentaires avant l’attribution d’une garantie définitive. Mais en février 2007, la Turquie a annoncé aux gouvernements allemand, autrichien et suisse que si la garantie n’était pas accordée définitivement au 30 mars, le projet serait remis au concours. La Déclaration de Berne et d’autres ONG craignent que, de cette manière, la Turquie cherche à éviter de respecter les critères internationaux demandés.
Plutôt que de se mettre à genoux devant les conditions imposées par la Turquie, le Conseil fédéral devrait plutôt s’inspirer de ce qui se passe en Allemagne. Jeudi dernier, la décision attendue d’un comité interministériel a été repoussée car le ministère du développement a fait blocage. Les rapports montrent que les problèmes posés par ce barrage n’ont pas été résolus de manière satisfaisante : l’analyse des impacts environnementaux et sur les écosystèmes manque toujours, de même que les détails sur le plan de déplacement de la population ainsi que la création d’un lieu de plaintes pour la population concernée. Il semble également que la Turquie n’a toujours pas impliqué les pays riverains, à savoir l’Irak et la Syrie.
Avec l’action simultanée menée ce matin à 11h dans les villes de Berlin, Vienne, Istanbul et Berne, les ONG demandent aux gouvernements concernés de revoir leurs décisions sur ce projet controversé. La Déclaration de Berne a protesté sur la Bärenplatz à Berne. Elle exige du Conseil fédéral qu’il rende publiques les conditions émises et qu’il examine lui-même si un accord a été passé avec les Etats riverains du Tigre. La Déclaration de Berne demande enfin au Conseil fédéral de ne prendre sa décision définitive qu’au moment où toutes les conditions qu’il a lui-même posées seront remplies.