La Déclaration de Berne et Attac Suisse disent non à la réforme fiscale
1 février 2008
Si la loi sur la deuxième réforme de l’imposition des entreprises devait entrer en vigueur, une personne qui détient plus de 10% des parts d’une entreprise serait imposée sur seulement 60% de ces dividendes s’il s’agit d’une fortune privée, et sur 50% s’il s’agit d’une fortune commerciale. En revanche, la majorité de la population continuerait d’être imposée sur l’intégralité de son salaire. De plus, sous la nouvelle loi, l’impôt sur le bénéfice pourrait être imputé à l’impôt sur le capital aux niveaux cantonal et communal. Cela représenterait une abolition indirecte de l’impôt sur le capital.
Sur le plan international, cette logique de sous-enchère fiscale entretient une dynamique concurrentielle malsaine entre Etats, chacun essayant d’attirer les sociétés à capitaux sur son territoire. Or, les rabais fiscaux accordés aux puissants acteurs privent les pouvoirs publiques de leur marge de manœuvre, soit parce qu’ils sont obligés de diminuer leurs dépenses, soit parce qu’ils doivent s’endetter pour les couvrir. « Depuis 35 ans, c'est à travers l'endettement public qu’une partie des salaires des travailleuses et travailleurs a été transformée en revenu sur la fortune des personnes aisées», a constaté Maurizio Coppola d'Attac Suisse.
Ce type de rabais fiscal, qui est déjà problématique pour un pays développé comme la Suisse, a des effets encore plus graves lorsqu’il est appliqué par les pays du Sud. En Afrique de l’Est, par exemple, l’Ethiopie, le Kenya et l’Ouganda jouent le jeu de la sous-enchère fiscale afin d’attirer les producteurs de la fleur coupée. Par conséquent, les gouvernements de ces trois pays manquent de revenus pour assurer leur développement. Selon Anne-Kathrin Glatz de la Déclaration de Berne, «la Suisse, en tant que pays engagé dans la coopération au développement, perd sa crédibilité si elle mène une politique qui renforce la sous-enchère fiscale entre pays et qui nuit au développement des pays les plus pauvres.»
La Déclaration de Berne et Attac Suisse appellent donc à voter NON à la deuxième réforme de l'imposition des entreprises le 24 février prochain car:
- Payer des impôts sur l’ensemble de ses revenus, y compris les dividendes, est un devoir de solidarité, en Suisse comme dans les pays du Sud.
- Les taxes fiscales ne doivent pas être considérées comme des coûts, mais comme des investissements qui assurent la qualité du service public et son accès large, ainsi que le développement des pays les plus pauvres.
- La sous-enchère fiscale entre cantons et entre pays doit être stoppée.