New Deal pour une économie durable
6 novembre 2008
Le laxisme des autorités de surveillance et la confiance aveugle des politiques dans l’autorégulation ont permis aux instituts financiers de développer un système bancaire parallèle par le biais des paradis fiscaux, afin de contourner les réglementations existantes. « L’appât du gain, le manque de transparence et le surendettement irresponsable ont précipité les banques internationales dans le gouffre. Aujourd’hui, la crise a atteint l’économie réelle et touche déjà des millions de personnes, y compris dans les pays en développement, qui n’ont aucunement bénéficié des milliards de profits réalisés lors des années de Boom » rappelle Andreas Missbach, expert financier de la DB.
Pour éviter les conséquences catastrophiques de futures bulles financières, les zones de non-droits doivent être placées sous contrôle étatique. Les produits dérivés, par exemple, dont la valeur en 2007 était neuf fois supérieure à la production mondiale de biens et de services, ne doivent être autorisés que lorsque leur utilité pour l’économie réelle est démontrée. De même, les activités des fonds spéculatifs et autres hedge funds doivent être fortement restreintes et étroitement contrôlées. Ces mesures font partie des exigences posées à Madrid par la Déclaration d’Escorial sur la crise financière du réseau Banktrack, un réseau de différentes organisations non-gouvernementales provenant des cinq continents et qui milite pour un système financier respectueux de l’environnement et socialement responsable.
Une réglementation plus stricte du secteur bancaire ne suffira cependant pas à réparer à elle seule l’architecture du système financier international. Une transformation fondamentale est indispensable pour le rendre utile à l’avenir. Un nouveau « New Deal » est aujourd’hui nécessaires. Afin de combattre la récession mondiale, il faut que les dépenses étatiques générées par les impôts soient redistribuées au profit des couches de la population les plus défavorisées. Parallèlement, l’Etat doit intervenir dans l’économie pour la transformer en un modèle de production et de consommation durables, et mener des efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
D’après l’Agence internationale de l’énergie, réduire les émissions de CO2 de 50% d’ici à 2050 exigerait des investissements à hauteur de 45'000 milliards de dollars. De plus, les besoins des pauvres qui représentent la moitié oubliée de la population doivent être impérativement couverts. Seul un secteur bancaire strictement réglementé, convenablement dirigé, et qui respecte les standards en matière d’environnement et de droits humains, sera à même de contribuer à cette tâche titanesque.