Plus de 100'000 signatures contre le double standard de Nestlé en matière de sucre dans les aliments pour bébés

Plus de 105'000 personnes ont signé une pétition demandant à Nestlé d’arrêter d’ajouter du sucre dans les aliments pour bébés. Lors d’une action menée aujourd’hui devant le siège de la multinationale à Vevey, les ONG Public Eye, IBFAN et EKO lui ont retourné l’équivalent symbolique de 10 millions de carrés de sucre, soit la quantité de sucre ajouté consommée chaque jour par les bébés à travers les céréales infantiles Cerelac commercialisées dans les pays à revenu plus faible. En Suisse, de tels produits sont pourtant vendus sans sucre ajouté. Le numéro un de la nutrition infantile doit mettre un terme à ce double standard injustifiable et néfaste.
© Martin Bichsel

Un étrange camion affichant le slogan «Pour Nestlé, tous les bébés ne sont pas égaux» a remonté l’avenue Nestlé cet après-midi à Vevey, sous l’œil intrigué des passant·e·s. À l’intérieur, 40m3 de cartons vides représentant 10 millions de carrés de sucre, soit la quantité totale de sucre ajouté contenue dans les produits pour bébés Cerelac vendus chaque jour dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Par ce «retour à l’expéditeur», Public Eye et ses partenaires, le Réseau international d’action pour l’alimentation infantile (IBFAN) et EKO, demandent au géant agroalimentaire de mettre un terme au double standard scandaleux révélé par notre enquête «Comment Nestlé rend les enfants accros au sucre dans les pays à revenu plus faible», publiée en avril dernier. Un appel signé par plus de 105'000 personnes a également été remis aux représentant·e·s de l’entreprise. Celles-ci appellent Nestlé à renoncer immédiatement à l’ajout de sucre dans ses aliments pour bébés, partout dans le monde.

Les faits mis en lumière par Public Eye et IBFAN sont accablants: deux des marques d’aliments pour bébés les plus vendues par Nestlé dans les pays à revenu faible ou intermédiaire – les céréales infantiles Cerelac et les laits de croissance Nido – contiennent des niveaux élevés de sucre ajouté, tandis que de tels produits en sont exempts en Suisse. Ces produits sont agressivement promus par la multinationale comme sains et essentiels au développement des enfants dans ses principaux marchés en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Or, une exposition précoce au sucre peut créer une préférence nocive pour les produits sucrés qui durera tout au long de la vie et augmente le risque d’obésité et de nombreux problèmes de santé associés, comme le diabète ou les maladies cardiovasculaires. C’est pourquoi les directives de l'Organisation mondiale de la Santé interdisent l'ajout de sucre dans les aliments pour bébés. 

Relayée par de nombreux médias, notre enquête a suscité une vague d’indignation à travers le monde, poussant les autorités indiennes, bangladaises et nigérianes à ouvrir des enquêtes, tandis que les appels au boycott se sont multipliés sur les réseaux sociaux. En juin, Public Eye et IBFAN ont demandé au Secrétariat d’État à l’économie d’agir pour faire cesser ces pratiques commerciales contraires à l’éthique et déloyales, qui mettent aussi à mal la réputation de la Suisse. À ce jour, Nestlé refuse toujours d’assumer ses responsabilités et se cache derrière le respect des réglementations en vigueur dans les pays concernés. La multinationale met en avant ses efforts de réduction progressive du sucre dans ses produits ainsi que l’introduction d’alternatives sans sucre ajouté dans certains marchés, comme annoncé en Inde. Or, ces demi-mesures sont insuffisantes et perpétuent un double standard aux conséquences désastreuses en termes de santé publique.   

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