Augmentation du travail des enfants: une nouvelle étude dénonce les fausses promesses de l’industrie
Lausanne/Zurich, 22 octobre 2020
Un rapport effarant du Centre national de recherche d'opinion publique de l’Université de Chicago (NORC) fait état d’un échec criant de l’industrie du chocolat: 1,5 million d’enfants travaillent toujours dans des conditions abusives dans les plantations de cacao; ce qui représente près d’un enfant sur deux dans les familles agricoles des régions productrices de cacao en Côte d’Ivoire et au Ghana. Quelque 95% d’entre eux effectuent des tâches figurant parmi les pires formes de travail des enfants (telles que la pulvérisation de pesticides ou la récolte à la machette). Au cours des dix dernières années, ces pratiques ont augmenté de 13% malgré les nombreuses promesses de l’industrie.
Diverses entreprises, dont Nestlé et la multinationale zurichoise Barry Callebaut, ont notamment signé dès 2001 le protocole Harkin-Engel, par lequel elles s’engageaient à prendre des mesures pour éliminer le travail des enfants avant 2005. Le délai a d’abord été repoussé à 2008, puis à 2010, et enfin à 2020, et l’objectif a été réduit de 70%.
Le NORC confirme que de tels accords non contraignants ne sont que des tigres de papier. Rien d’étonnant alors à ce que la publication du rapport, initialement prévue pour avril 2020, ait été plusieurs fois repoussée sous la pression de l’industrie. Des documents de la Fondation mondiale du cacao (WCF) datant de début 2020, auxquels Public Eye a eu accès, révèlent que les leaders du secteur voulaient minimiser les conclusions du rapport avant sa publication. La WCF défend désormais un point de vue cynique: le Protocole Harkin Engel aurait été trop ambitieux car la complexité du problème était alors méconnue.
La situation au Ghana et en Côte d’Ivoire se serait gravement dégradée depuis la dernière collecte de données réalisée avant la crise du Covid-19. L’International Cocoa Initiative estime que la pandémie a entraîné jusqu’à 20% d’augmentation du travail des enfants, ce qui représente 300'000 enfants de plus. Sans mesures juridiquement contraignantes et sans revenu vital pour les familles de cacaoculteurs, il ne sera pas possible d’éliminer le travail des enfants ou même de mettre les multinationales du chocolat face à leurs responsabilités pour les violations de droits humains perpétrées dans la culture du cacao. En tant que pays hôte de nombreux fabricants de chocolat, et l’une des principales places de négoce international du cacao, la Suisse a un rôle important à jouer.
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