Industrie textile Des témoignages recueillis dans des usines textiles chinoises contredisent les belles promesses de Shein
Oliver Classen et David Hachfeld, 14 mai 2024
« Je travaille tous les jours de 8 h à 22 h 30 et j’ai un jour de congé par mois. Je ne peux pas me permettre de prendre plus de temps libre, je perdrais trop d’argent », témoigne un homme qui travaille depuis plus de 20 ans dans l’industrie textile. Au moment de l’entretien, il réalisait, à la pièce, les coutures les plus visibles, et donc les plus délicates, d’articles Shein. Nos partenaires l’ont rencontré à la fin de l’été 2023, ainsi que 12 autres personnes employées par des fournisseurs du géant de la mode jetable, sur des sites de production situés à l’ouest de Nancun, mais toujours dans la métropole de Guangzhou (anciennement connue sous le nom de Canton), dans le sud de la Chine.
Profil de l’enquête
Période d’investigation : fin de l’été 2023.
Personnes interrogées : 13 employé·e·s (7 femmes et 6 hommes) âgé·e·s de 23 à 60 ans.
Emplacements des 6 usines concernées : zone industrielle textile de Chen Bian, zone industrielle de Yuangang, Li Village, Zhi Village, zone industrielle de Tangxi. Toutes se trouvent dans le district de Panyu, à Guangzhou, dans la province chinoise du Guangdong.
Contrairement à certaines autres enseignes de la mode, Shein ne publie pas la liste de ses fournisseurs. Les personnes interrogées ont confirmé que ces usines approvisionnent bien Shein, et des produits Shein ont été aperçus sur les sites.
À Nancun même, où se trouve le siège de Shein et où avaient été réalisées, deux ans plus tôt, les interviews pour notre reportage « Trimer pour Shein », l’atmosphère est désormais trop tendue pour pouvoir effectuer un travail de suivi pertinent. L’une des raisons : de nombreux grands médias internationaux ont relayé notre enquête et l’ont encore approfondie, ce qui a permis de mettre en évidence l’envers du décor de la success story de Shein, et de pousser ce nouveau roi de la mode jetable à se justifier.
Toujours des semaines de 75 heures
Parmi les six sites de production visités cette fois-ci figurait à nouveau une majorité de petits ateliers employant entre 40 et 80 personnes, mais aussi deux grandes usines comptant jusqu’à 200 employé·e·s. Comme en 2021, le personnel interrogé raconte travailler en moyenne 12 heures par jour – après déduction des pauses pour les repas de midi et du soir –, et ce au moins six jours par semaine, le plus souvent même sept. L’un des sites de production impose une fermeture nocturne obligatoire, mais seulement à partir de 23 heures. Le temps de travail colossal évoqué par l’ouvrier cité plus haut semble donc rester la norme : une semaine standard compte apparemment toujours 75 heures chez les fournisseurs de Shein, comme nous l’avions révélé il y a deux ans. En réaction à ce constat et à nos questions*, le groupe reconnaît que les longues heures de travail sont un problème connu de longue date dans le secteur. Selon son code de conduite pour les fournisseurs, le temps de travail hebdomadaire ne devrait pas dépasser 60 heures (heures supplémentaires comprises). Les employé·e·s devraient par ailleurs avoir au moins un jour de congé par semaine.
Sur la question des salaires également, peu de progrès semblent avoir été faits depuis notre précédente enquête : les personnes interrogées évoquent des revenus similaires à ceux mentionnés lors des entretiens réalisés en 2021. En fonction de l’usine, de la période et du niveau d’expertise (et seulement en incluant les heures supplémentaires excessives !), les salaires des ouvriers et ouvrières oscillent entre 6 000 et 10 000 yuans par mois (soit 765 à 1240 CHF), avec de fortes variations saisonnières et un salaire qui dépend toujours du nombre de pièces confectionnées.
Chez ces fournisseurs de Shein, la fin de la trentaine est encore considérée comme la fleur de l’âge pour la confection. En effet, une certaine expérience professionnelle est requise pour pouvoir produire des séries limitées et des modèles qui changent constamment. C’est pourquoi les spécialistes, comme l’homme mentionné en début d’enquête, gagnent parfois plus de 10 000 yuans par mois. Les autres couturiers et couturières font état de salaires compris entre 6000 et 8000 yuans, tandis que les employé·e·s en charge du contrôle-qualité gagnent environ 7000 yuans.
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Les salaires mis en contexte
- Un salaire mensuel de 6000 yuans semble à première vue plutôt élevé pour l’industrie textile chinoise. Mais si, pour l’obtenir, il faut travailler 75 heures par semaine au lieu des 40 habituelles, le salaire de base ne s’élève plus qu’à environ 2400 yuans, après déduction de la rémunération des heures supplémentaires (à 150 % du salaire normal, ou 200 % les jours fériés).
- Selon les calculs de l’Asia Floor Wage Alliance, le montant du salaire vital en Chine, c’est-à-dire suffisant pour couvrir les besoins de base d’une famille, s’élève aujourd’hui à 6512 yuans (environ 830 CHF). Le salaire minimum légal à Guangzhou est de 2300 yuans, soit une fraction de cette valeur de référence. Il est encore plus bas dans des provinces comme le Hubei, le Hunan et le Jiangxi où, selon les personnes interrogées, les usines délocalisent certaines étapes de la production.
Audit obscur et relativisme éhonté
Après la publication de notre première enquête, à la mi-novembre 2021, le nouveau responsable de la durabilité de Shein a assuré aux médias que le géant chinois prenait au sérieux ces constats alarmants. Ce n’est qu’après la diffusion sur Channel 4, un an plus tard, d’un reportage intitulé « Inside the Shein Machine » que le groupe a réagi en détail, mentionnant un audit censé montrer que la réalité est tout autre, et bien meilleure, dans « son » Guanghzou. Cette affirmation a évidemment éveillé notre curiosité, nous poussant à réaliser la présente enquête de suivi. Concrètement, l’audit « Supplier Factory Wage Investigation Audit », commandé par Shein début 2022, affirme que les salaires chez ses fournisseurs dans le sud de la Chine sont supérieurs à la moyenne, comme l’indique le bref résumé du rapport publié en ligne. Pour comprendre comment ce résultat a été obtenu, nous avons d’abord demandé à Shein, puis aux trois organismes de contrôle qui ont réalisé l’audit – SGS, TÜV Rheinland et Intertek –, de pouvoir consulter le rapport complet. Sans succès.
La version courte diffusée sur internet ressemble davantage à un exercice de relations publiques qu’à une analyse professionnelle. Et ce non seulement à cause de son manque de détails, mais aussi, et surtout, en raison de l’absence de deux éléments clés sans lesquels un audit salarial n’a aucun sens. Premièrement : il n’y a aucune mention du nombre d’heures de travail réalisées. En réponse à notre demande de précisions, Shein a confirmé que les salaires indiqués représentaient les sommes totales versées. Or, évaluer un salaire sans tenir compte du nombre d’heures de travail a à peu près autant de sens que de chronométrer une course sans tenir compte de la longueur du circuit. Or, ce sont justement les horaires de travail excessifs et illégaux – même au regard de la loi chinoise – qui font l’objet de critiques. En ignorant complètement cette problématique centrale pour se concentrer uniquement sur les niveaux de salaires prétendument supérieurs à la moyenne, Shein pratique le relativisme à l’état pur.
La deuxième lacune est l’absence de mention des salaires les plus bas. Ce sont pourtant eux, et non la moyenne des salaires, qui constitueraient l’indicateur le plus pertinent des éventuelles violations du droit du travail et des risques de pauvreté. La première version du résumé de l’audit de Shein, qui a été supprimée entre-temps, suggérait que ces données ont bien été collectées : les salaires concrets y étaient encore mentionnés, mais seulement les plus élevés et non les plus bas.
Une enquête sur les salaires réalisée ultérieurement, dont seul un résumé a également été publié, montre entre autres que la rémunération des heures supplémentaires représente en moyenne 37 % des salaires versés, soit une part énorme.
Citations et rapports de durabilité supprimés
C’est peut-être pour cette raison que l’éloge commune de Shein de la part des trois cabinets d’audit a été retirée du site web du géant chinois. Ils y affirmaient : « Shein assume clairement sa responsabilité en veillant à ce que les employé·e·s des usines de ses fournisseurs reçoivent un salaire décent pour leur travail ».
Cette citation a disparu du site début 2023, mais nous en avons gardé une capture d’écran. Shein n’a pas voulu nous donner la raison de cette suppression. De son côté, TÜV Rheinland précise n’avoir « jamais fait ni approuvé une telle déclaration ». Comme SGS et Intertek, ce cabinet d’audit réalise chaque année des milliers d’enquêtes de ce type pour toutes sortes de clients. Il figure parmi les leaders de ce secteur qui est controversé pour trois principales raisons : les audits sociaux manquent de transparence ; ils ne détectent souvent pas suffisamment les problèmes réels dans les usines ; et ils peuvent servir de cache-misère, en particulier pour les entreprises de l’industrie textile.
Les deux précédents rapports de durabilité ont également été supprimés du site web de Shein. Le premier avait tout d’une réaction précipitée au scandale des 75 heures, tandis que le second, publié à la mi-2023, était déjà un peu plus détaillé, sans toutefois proposer de mesures concrètes pour remédier à l’énorme problème des heures supplémentaires, ni même en reconnaître l’existence. La raison de cette suppression invoquée par Shein : une « refonte » de la section correspondante sur son site web.
Mais revenons à Guangzhou. Selon certain·e·s employé·e·s, le nombre de caméras de surveillance a considérablement augmenté dans les usines et à leurs abords. Les images seraient transmises à Shein en temps réel afin de contrôler le respect des règles édictées par le groupe. Parmi ces règles figure l’interdiction du travail des enfants. Nous avons recueilli les témoignages pendant les vacances d’été et avons constaté la présence d’enfants en bas âge et d’adolescent·e·s dans les usines. Le baby-sitting était particulièrement fréquent dans les petits ateliers informels. Des jeunes, âgé·e·s de 14 ou 15 ans selon les estimations des enquêteurs et enquêtrices, effectuaient des travaux simples, comme l’emballage d’articles, ou s’essayaient à la machine à coudre sous la supervision de leurs parents, probablement pour apprendre leur métier. Il n’a pas été possible de savoir si un salaire leur était versé en contrepartie. En réponse à nos questions sur ce point, Shein souligne sa « tolérance zéro absolue » vis-à-vis du travail des enfants et promet de financer 25 crèches supplémentaires cette année. En 2023, le groupe aurait déjà permis l’ouverture de 10 structures de ce type. Par ailleurs, Shein affirme ne pas avoir accès aux enregistrements des caméras de surveillance.
Risque d’incendie élevé et travaux de retouche non payés
L’interdiction officielle de fumer n’est par ailleurs pas mise en œuvre, comme nous avons pu le constater sur place. Des travailleurs et travailleuses fumaient dans les cages d’escalier et même à l’entrée des entrepôts de tissus. Le risque d’incendie est d’autant plus élevé que la plupart des produits et des chutes de tissus sont simplement empilés au sol. Selon les employé·e·s, lors des inspections sporadiques des usines, seules les installations et les voies d’évacuation sont contrôlées, mais pas le respect de l’interdiction de fumer.
Pour les couturières et couturiers, les contrôles de qualité apparemment stricts sont bien plus redoutés que ces inspections, ce qui est plutôt surprenant pour un fabricant de mode bon marché comme Shein. Quand le géant estime que la qualité n’est pas suffisante, cela peut coûter cher : un manager rapporte par exemple que, pour chaque lot défectueux, Shein « sanctionne » son entreprise en supprimant une commande. Les fautifs ou fautives, qui peuvent facilement être identifié·e·s compte tenu du faible volume des commandes, doivent alors effectuer des travaux de retouche non rémunérés, comme nous l’avons appris lors des entretiens. « Quiconque fait une erreur a la responsabilité de la corriger. Il faut résoudre le problème sur son propre temps de travail », explique un contremaître d’une cinquantaine d’années. L’une des personnes interrogées précise qu’en cas de négligence dans le contrôle des produits, une amende de 300 à 1000 yuans doit même être payée, en fonction de l’état du lot incriminé. Cette pratique doit accroître considérablement la pression à laquelle est déjà soumise la main-d’œuvre en raison du système de rémunération à la pièce.
Le modèle appliqué aux fournisseurs de Shein à Guangzhou semble être conçu pour les petites entreprises qui, traditionnellement, produisent plutôt pour le marché chinois. Le groupe attire ces producteurs lors de salons et sur un site web spécial qui précise notamment qu’une expérience dans l’export n’est pas nécessaire.
Si, sur le marché chinois, la qualité des vêtements bon marché est en corrélation avec leur prix, Shein souhaite manifestement imposer des normes plus élevées pour l’international ; sans doute pour se débarrasser de la mauvaise réputation de ses produits. Mais un travail soigné demande du temps, ce qui devrait en conséquence conduire à une augmentation des prix d’achat versés aux fournisseurs. Les exigences de Shein ne sont pas seulement élevées pour les couturières et couturiers, mais aussi pour les autres prestataires de services : les photographes doivent par exemple être en mesure de photographier 70 à 80 styles par semaine, en 4 à 5 séances de 8 heures ; les stylistes doivent fournir plus de 20 créations exclusives par mois, et les graphistes doivent recolorer 90 photos par jour. Alors, pour quiconque se demande comment Shein parvient à lancer autant de nouveaux produits : la solution est le travail à la pièce, à tous les niveaux.
Un fondateur « disparu » et un chiffre d’affaires mystérieux
Shein baigne toujours dans l’opacité en ce qui concerne sa structure, ses bénéfices et ses propriétaires. Une présence dans plus de 150 pays, 19 bureaux avec 11 000 employé·e·s, des coopérations avec 4600 stylistes et plus de 5000 fournisseurs : voilà les seules informations que Shein publie sur son site web. Pour un groupe actif dans le monde entier, sur le point d’entrer en bourse et censé valoir 45 milliards de dollars en janvier 2024 selon Bloomberg, ces quelques données sont bien maigres.
C’est pourquoi nous avons également mis à jour notre analyse de l’architecture complexe du groupe réalisée en 2021. Comme on s’y attendait à l’époque, Roadget Business à Singapour est devenue le cœur des affaires mondiales de Shein.
Mais, selon les données du registre du commerce, cette entité est toujours détenue par Beauty of Fashion Investment. Il reste toutefois impossible de déterminer à qui appartient cette société enregistrée aux îles Vierges britanniques. Selon le registre des lobbies des États-Unis, le fondateur de Shein, Xu Yangtian, détient une participation de 37 %, mais il est impossible de savoir si celle-ci concerne Beauty of Fashion ou une autre société offshore de la galaxie Shein.
Et puis, surprise : selon le registre du commerce de Singapour, Xu Yangtian, qui est toujours présenté comme CEO dans de nombreux médias, a déjà quitté le conseil d’administration de Roadget en mars 2023. Mais Shein n’a jamais expliqué publiquement ce retrait d’un personnage central. À la place du légendaire patron de Shein, ce sont désormais Leonard Lin Zhiming et la cofondatrice Gu Xiaoqing qui dirigent les principales filiales. Et celles-ci sont de plus en plus nombreuses, à l’image de Fashion Choice, créée en octobre 2021, par laquelle passent notamment les ventes suisses.
Les chiffres d’affaires de ce groupe complexe sont tout aussi nébuleux. Les rapports annuels des filiales que nous avons pu consulter montrent qu’en 2022, Shein a réalisé un chiffre d’affaires total de 13,8 milliards de dollars (US) sur ses trois principaux marchés, à savoir l’Union européenne, les États-Unis et le Royaume-Uni. Ce montant est nettement inférieur à l’estimation du chiffre d’affaires mondial pour cette même année (22,7 milliards), réalisée par le Financial Times sur la base d’une présentation confidentielle aux investisseurs. Le chiffre d’affaires de Shein est-il vraiment si élevé sur ses autres marchés ? Ou bien les chiffres sont-ils intentionnellement gonflés dans la perspective de l’introduction en bourse à venir ? Selon des rapports datant de fin février, cette introduction pourrait, contrairement à ce qui était prévu, avoir lieu non pas à Wall Street, mais à Londres.
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Rapport d’activité en retard
Nous aurions aimé analyser le dernier rapport d’activité de la maison-mère car celui-ci devrait également indiquer le chiffre d’affaires mondial du groupe. Roadget aurait dû tenir son assemblée générale l’été dernier et enregistrer officiellement ses chiffres pour 2022. Mais en juin 2023, l’entreprise a encore demandé que le délai soit prolongé de deux mois. La raison invoquée : « Les auditeurs ont besoin de plus de temps ». Six mois plus tard, toujours aucun document n’est inscrit au registre.
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Des investisseurs qui ont le goût du risque
Cela ne semble pas déranger les investisseurs qui injectent des milliards dans l’expansion de Shein, comme nous le révèle une base de données d’entreprises chinoises. Selon celle-ci, les sociétés d’investissement en capital-risque Sequoia Capital, Tiger Global Management, General Atlantic, DST Global et Coatue Management, ainsi que le fonds souverain d’Abou Dhabi, Mubadala, ont alimenté le groupe à hauteur d’environ 3,5 milliards de dollars US depuis 2022. Citibank, Barclays et BNP Paribas ont par ailleurs récemment accordé à Shein des crédits d’un montant inconnu. Ces banques devraient donc figurer parmi les rares privilégiées à connaître les chiffres réels et la structure de Shein.
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Des millions de bénéfices et des cadeaux fiscaux
Selon le rapport annuel 2021 de Roadget, les affaires de Shein ont eu le vent en poupe cette année-là. Malgré une marge commerciale de 15 % relativement faible par rapport au reste du secteur, le groupe affichait un bénéfice avant impôts de 220 millions de dollars US. Et comme Singapour a gratifié le géant chinois d’une exonération fiscale de cinq ans pour l’installation de son siège social, son taux d’imposition effectif n’était que de 10,6 %.
Le monde politique est en alerte mais n'agit pas (encore)
Au vu des heures supplémentaires toujours aussi excessives chez ses fournisseurs, ainsi que des autres éléments problématiques mis en lumière par notre nouvelle enquête, il semble clair que Shein n’assumera pas plus de responsabilité sociale sans pression extérieure. Une entrée en bourse contraindrait-elle le groupe à devenir plus durable ? Probablement pas. Les récents investissements de plusieurs milliards de dollars montrent qu’il existe encore suffisamment de bailleurs de fonds qui considèrent le modèle d’affaires de Shein comme une opportunité de profit et ne voient pas le greenwashing comme un risque.
Mais ce sont les parlements et les gouvernements qui disposent du levier le plus efficace pour remédier aux dysfonctionnements constatés. Lors de l’enquête que nous avions menée en 2021, Shein était encore un phénomène assez récent. Mais trois ans plus tard, les autorités politiques ne peuvent plus ignorer les problèmes posés par le groupe, et ce d’autant plus quand on voit que Temu a entre-temps suivi les traces de Shein, avec une gamme encore plus large de produits à bas prix. Comme en témoignent diverses interventions en France, dans l’UE, aux États-Unis mais aussi en Suisse, les pouvoirs législatifs ont été alertés. Mais auront-ils le courage d’agir pour encadrer les géants de la mode éphémère ? Et il ne suffira pas d’une simple « Lex Shein » pour tenir à distance la concurrence chinoise à bas prix dont le secteur de la mode subit déjà la pression. Car des changements en profondeur s’imposent pour que, dans l’industrie de la mode, plus personne ne doive travailler 12 heures consécutives pour coudre à la pièce des vêtements qui feront le tour du monde en avion avant de finir à la poubelle, à peine portés.
*Par souci de transparence et de lisibilité, nous mettons à disposition l’intégralité de la réponse de Shein dans un document séparé.
Image 1 : L'image de couverture provient de l'enquête sur Shein réalisée par Public Eye en 2021 ©panos
Image 2 : La photo des travailleuses et travailleurs a été prise discrètement pendant notre visite en 2023.
Image 3 : L'image de Guangzhou dans la nuit provient de l'enquête sur Shein réalisée par Public Eye en 2021 ©panos