Les arrangements douteux de Philia au Congo
Rapport: Un contrat raffiné
Les arrangements douteux de la société suisse Philia au Congo
En 2015, une enquête inédite de Public Eye a révélé comment le négociant suisse Philiaprofite d’avantages indus au détriment de la raffinerie publique congolaise, la Coraf, administrée par le fils du président, le très notoirement corrompu Denis Christel Sassou Nguesso. Dépourvue de référence dans l’univers opaque du négoce, Philia a obtenu de « Kiki », sans appel d’offres et à des conditions douteuses, un contrat exclusif pour l’exportation de produits pétroliers. Sur la base de documents exclusifs, Public Eye a analysé le modèle d'affaires de Philia et les clauses d'un contrat, conclu en 2013, liant cette petite société de négoce à la raffinerie étatique de la République du Congo. La Coraf offre un financement gratuit à la firme genevoise, lui permettant au passage d'échapper aux procédures de conformité (compliance).
Philia agit comme un pur intermédiaire entre la Coraf et les marchés internationaux, se contentant de revendre immédiatement ses cargaisons à des tiers, parmi lesquels d'autres négociants suisses. Ces avantages ont permis à cette société aux mains d'un actionnaire unique de se faire une place dans l'aval pétrolier, sur le dos de la population congolaise. La Coraf est un véritable gouffre financier pour le trésor public congolais. Durant trois ans, l’État n’a pas perçu un centime en contrepartie du pétrole qu'il octroie à la raffinerie. Le fait que celle-ci soit dirigée par le fils du président, qui contrôle l'intégralité des ventes de pétrole de cet État ultra-corrompu, n'y est sans doute pas étranger. Cette affaire est emblématique des problèmes qui gangrènent le secteur des matières premières, en premier lieu les risques de détournement de la rente aux dépens de la population des pays producteurs. Alors que la population vit dans la misère, Denis Christel Sassou Nguesso se distingue par ses dépenses faramineuses. L'histoire de Philia raconte comment les contrats pétroliers peuvent être pipés dans les arcanes du pouvoir, tout en gardant les apparences de la légalité.
La Confédération ne peut rester complice d’une telle situation. Elle doit adopter une législation qui favorise la transparence pour limiter les risques de corruption et permettre ainsi aux populations de bénéficier de leurs ressources naturelles.
Pour plus d’informations :
- Rapport complet : Les arrangements douteux de Philia au Congo « Un contrat raffiné - les arrangements douteux de la société suisse de négoce Philia au Congo » (2015)
- Résumé du rapport : Les arrangements douteux de Philia au Congo Résumé du rapport en français (2015)
- Infographie : le modèle d'affaires de Philia
- Communiqué de presse : L'argent du pétrole congolais dilapidé à Genève (02.03.2015)