Nos revendications
Nos recherches mettent en évidence le cynisme des géants de l’agroindustrie domiciliés en Suisse, en Allemagne et aux États-Unis dans leur business avec des pesticides classés «extrêmement dangereux» par le réseau Pesticide Action Network (PAN).
Les fabricants profitent de la faiblesse des normes dans les pays à faible ou moyen revenu pour continuer à y vendre des produits interdits depuis longtemps en Suisse et dans l’UE en raison de leurs conséquences sur la santé et l’environnement. Et ce alors qu’une utilisation sûre de ces produits ne peut généralement pas y être garantie et que des millions d’empoisonnements sont à déplorer chaque année. Le leader mondial des pesticides Syngenta, dont le siège est à Bâle, joue un rôle central sur ce marché.
Nous demandons à Syngenta de s’engager enfin à mettre un terme à la production et à la commercialisation de pesticides extrêmement dangereux à travers le monde, avec un plan clairement défini et des délais contraignants.
La Suisse ne peut plus fermer les yeux
En tant qu’hôte du numéro un mondial des pesticides et pays producteur, la Suisse a une responsabilité particulière à assumer. Les autorités helvétiques doivent prendre des mesures contraignantes pour lutter contre le commerce irresponsable de pesticides extrêmement dangereux:
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Interdiction d’exportation de tous les pesticides dont l’utilisation est bannie en Suisse en raison de ses conséquences sur la santé humaine ou l'environnement. En réaction à nos différents rapports sur les exportations de pesticides extrêmement dangereux depuis la Suisse, le Conseil fédéral a décidé en 2020 d’interdire l’exportation de cinq d’entre eux (dont le paraquat) et de durcir les conditions d’exportation de 100 autres. C'est un premier pas important mais qui est loin d’être suffisant. De nombreuses substances dangereuses ne sont pas soumises à cette législation. Nous demandons à la Suisse d’interdire l’exportation de tous les pesticides bannis sur notre sol pour des raisons environnementales et sanitaires. L’UE prévoit d’interdire ces exportations et des pays comme la Belgique ou la France l’ont déjà fait.
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Tolérance zéro pour les résidus de pesticides interdits dans les importations de denrées alimentaires. Comme le montrent nos recherches, les aliments importés en Suisse présentent souvent des traces de pesticides qui sont interdits sur notre sol. Ceux-ci sont dangereux pour l’environnement et pour les personnes exposées aux substances toxiques dans la production des aliments dans des pays tiers. Après le Conseil national, le Conseil des États a également accepté en juin 2023 une motion de la conseillère nationale Christine Badertscher demandant une tolérance zéro pour de tels résidus. Le Conseil fédéral doit désormais élaborer une réglementation en ce sens.
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Soutien à l’abandon des pesticides extrêmement dangereux à l’international. Le problème demande une solution à l’échelle mondiale, à laquelle la Suisse doit apporter sa contribution. Elle devrait s’engager en faveur d’un accord contraignant visant à réduire progressivement l’utilisation de pesticides extrêmement dangereux dans l’agriculture mondiale.
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Introduction d’obligations de diligence raisonnable en matière de droits humains pour les entreprises. La Suisse doit aussi et surtout faire en sorte que les multinationales répondent des dégâts environnementaux et violations de droits humains occasionnés à l’étranger, comme l’avait proposé l’initiative pour des multinationales responsables. L’UE prévoit d’introduire de telles obligations de diligence raisonnable.