Crise climatique La Suisse sur sa montagne de charbon
Adrià Budry Carbó et Robert Bachmann, 7 novembre 2022
Dans l’imaginaire collectif occidental, le charbon reste associé aux travers de la Révolution industrielle, à un prolétariat en haillons couvant la révolte. Dénué du glamour et des intrigues géopolitiques de son cousin le pétrole, le charbon est encore perçu comme une énergie du siècle passé. Détrompez-vous. Ce petit «concentré de soleil», enfoui par des millions d’années, n’aura en réalité jamais été autant extrait, transporté et consommé qu’en 2022, dépassant la limite historique des huit milliards de tonnes. À lui seul, le charbon est responsable de près de la moitié de l’augmentation des émissions de dioxyde de carbone (CO₂).
Et la Suisse – avec ses groupes miniers, ses négociants et ses banques – tient un rôle central dans le commerce mondial du charbon.
C’est ce que révèle notre rapport «La Suisse sur sa montagne de charbon», fruit d’une année d’enquête et de contacts privilégiés avec un secteur par nature méfiant, car mis au ban de la société. La guerre en Ukraine et le consécutif désordre sur les marchés énergétiques ont pourtant rappelé notre dépendance à la plus polluante des énergies fossiles. Il revient désormais à notre génération d’agir pour reléguer le charbon aux livres d’Histoire. Cela ne se fera pas sans sacrifices pour la place suisse des matières premières.