Interview avec Greenpeace
Pourquoi avoir choisi de travailler sur le commerce en ligne?
Depuis plusieurs années, le commerce en ligne fait partie intégrante de nos habitudes de consommation. C’est aussi un moteur important de la surconsommation, et de la destruction de l’environnement qu’elle provoque. Si tout le monde avait le même mode de vie que la population suisse, il faudrait trois planètes pour fournir les ressources naturelles nécessaires et absorber les déchets produits. Greenpeace souhaite faire changer les choses.
Le risque de gaspillage de ressources est-il particulièrement élevé dans le commerce en ligne? Quels sont les aspects qui vous inquiètent le plus?
Bien que le niveau de consommation soit déjà trop élevé aujourd’hui, le commerce en ligne élimine les derniers obstacles à la consommation. Nous avons accès à une offre de produits immense, partout dans le monde, depuis notre canapé. Cela crée pour ainsi dire de nouveaux besoins, même si les personnes souffrent déjà d’une surabondance de biens matériels. On achète encore plus, mais cette consommation n’a plus le moindre sens! La durée d’utilisation des marchandises baisse et la quantité de déchets augmente, ce qui accélère le gaspillage de ressources.
Le commerce en ligne peut-il aussi avoir un bon impact sur l’environnement? Y a-t-il des tendances positives?
Je n’en vois pas beaucoup. Le commerce en ligne pourrait mener à une légère diminution des déplacements en voiture pour faire les courses soi-même… Mais je pense que ces améliorations sont largement compensées par l’augmentation de la consommation totale. Les offres en ligne n’ont pas remplacé les magasins conventionnels, bien au contraire. On constate une augmentation de la consommation dans son ensemble, et l’empreinte écologique augmente tout autant.
Quel serait, selon vous, un signe indiquant que les détaillants en ligne utilisent les ressources de manière plus raisonnable?
Une stratégie permettant de décélérer la consommation: une offre limitée, des produits de qualité dont la durée de vie est optimisée, des services de réparation et de réutilisation. Et moins de marketing et de publicité.
Cela n’est-il pas contraire aux fondamentaux de notre société de consommation?
Oui, sans aucun doute. Si nous voulons préserver la planète, un changement de paradigme est nécessaire.
Si vous pouviez édicter une loi sur la réglementation du commerce de la mode en ligne, que contiendrait-elle?
Je commencerais par tenir compte des coûts sociaux et écologiques au moment de fixer les prix, de la production à l’élimination des produits. La destruction des marchandises invendues doit être interdite. Je mettrais également en place des normes relatives à la durée de vie et à la réparabilité des vêtements, ainsi qu’un cadre très strict pour le marketing et la publicité.