Evaluation des enseignes de la mode en ligne
Nous avons évalué dix entreprises actives dans le commerce en ligne parmi les plus connues en Suisse (About You, Alibaba, Amazon, Asos, Bonprix, Galaxus, La Redoute, Shein, Wish et Zalando) par rapport à quatre domaines clé, symptomatiques des graves problèmes qui gangrènent l’industrie de la mode:1
- Chaîne d’approvisionnement: secret bien gardé ou transparence?
- Dans la production: salaire vital ou exploitation?
- Logistique: emplois sûrs ou précaires?
- Gestion des retours: destruction ou réutilisation?
D’où proviennent nos vêtements? Qui les a fabriqués? De nombreuses entreprises publient aujourd‘hui la liste de leurs fournisseurs et mettent à disposition certaines informations dans des bases de données publiques – parfois même pour chaque article. Toutefois, trop d’entreprises misent encore sur la politique du secret, aux dépens des personnes qui travaillent dans les usines textiles. Or sans transparence sur la chaîne d’approvisionnement, il est beaucoup plus difficile pour elles de signaler les infractions et autres problèmes rencontrés aux grandes marques et aux détaillants. Celles-ci sont généralement les acteurs les plus puissants de la chaîne de valeur: elles doivent user de leur influence pour améliorer la situation.
Plus d'informations
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Quelles sont les solutions politiques?
Les autorités politiques doivent établir un cadre légal pour que les sociétés helvétiques ou étrangères actives en Suisse soient tenues de divulguer dans quels sites de production et de transformation leurs vêtements et chaussures sont fabriqués.
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Les enseignes de la mode et les plateformes de commerce en ligne doivent…
- publier une liste de tous les sites de production et de transformation pour les articles de leurs propres marques;
- accepter sur leurs plateformes des produits de marques de tiers qu’à condition que leur chaîne d’approvisionnement soit transparente;
- donner des informations sur la chaîne d’approvisionnement dans le descriptif des produits en vente sur leurs sites Internet.
Les informations relatives à la chaîne d’approvisionnement doivent être publiées sur le site Internet de l’entreprise ou dans une base de données externe librement accessible (Open Apparel Registry, par ex.), lisibles par des logiciels automatiques et actualisées régulièrement. Elles doivent notamment indiquer pour chaque site de production:
- son nom et son adresse;
- le nom de la société mère à laquelle il appartient;
- les types de produits fabriqués dans l’usine (par ex. chaussures, sous-vêtements,…);
- le nombre d’employé·e·s.
Les entreprises doivent progressivement élargir ces données de base, pour y ajouter d’autres informations utiles relatives à la durabilité (par ex. concernant les salaires, les conditions de travail, les syndicats ou les conséquences sur l’environnement).
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Pourquoi c’est important
- La transparence de la chaîne d’approvisionnement peut aider les personnes travaillant dans les usines à donner l’alerte en cas de violations de droits humains ou d’atteintes à l’environnement – et leur permettre d’obtenir réparation.
- Les entreprises ont la responsabilité de réduire les risques de violations des droits humains et les conséquences néfastes de leurs activités sur l’environnement. La publication des sites de production est cruciale pour réaliser des analyses de risques, prendre des mesures efficaces et permettre de les vérifier.
- La transparence de la chaîne d’approvisionnement donne des informations précieuses aux employé·e·s, aux consommateurs et consommatrices, mais aussi aux organisations de défense du droit du travail et de l’environnement, ainsi qu’aux investisseurs. Ces données leur permettent de mieux évaluer les stratégies des entreprises en matière de durabilité.
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Ce que nous avons analysé
- Transparence de la chaîne d’approvisionnement pour les marques de l’enseigne: l’entreprise publie-t-elle une liste des fournisseurs de ses propres marques?
- Transparence de la chaîne d’approvisionnement pour les marques de tiers: l’entreprise publie-t-elle une liste de fournisseurs pour les marques de tiers qu’elle commercialise sur ses sites de vente en ligne? S’agit-il d’un critère obligatoire pour y être référencé?
Évaluation des entreprises: résultats relatifs à la transparence de la chaîne d’approvisionnement
La transparence est un mot-clé qui est aussi très apprécié des sites de commerce en ligne. Pourtant, dans le cadre de notre analyse, nous n’avons trouvé que chez six des dix entreprises évaluées des données concrètes sur les sites de production de leurs propres marques.
Zalando publie la liste de l’ensemble de ses fournisseurs directs en indiquant leur nom, leur adresse, leur société mère, les types de produits fabriqués et le nombre d’employé·e·s. D’autres entreprises publient également des informations sur leurs fournisseurs, mais de manière moins complète. La liste de fournisseurs d’About You est disponible sur la base de données Open Apparel Registry. Asos met à disposition une liste de ses fournisseurs directs et d’autres entreprises de transformation (par ex. des teintureries et des imprimeries). Galaxus ne vend pas ses propres marques, mais commercialise celle de son actionnaire majoritaire Migros, qui publie la liste de ses fournisseurs depuis décembre 2021. Bonprix, filiale d’Otto, déclare publier le nom de «plus de 80%» de ses fournisseurs: l’entreprise va ainsi plus loin que d’autres filiales du groupe, mais les données restent incomplètes, et aucune explication n’est fournie pour justifier les lacunes restantes. Amazon publie une liste de certains des fournisseurs de ses propres marques, mais la proportion n’est pas totalement claire. L’entreprise admet qu’il est possible que certains sites manquent à l’appel. Pour About You, Asos, Galaxus et Amazon, certaines données relatives aux sociétés mères des sites de production manquent. Bonprix fournit des informations, mais de manière incomplète.
La Redoute et Shein, en revanche, sont très opaques: nous n’avons pu trouver aucune liste des sites de production de leurs propres marques. Même conclusion pour Alibaba: nous n’avons trouvé ses propres marques que chez la filiale turque Trendyol, dont la chaîne d’approvisionnement est totalement opaque. Wish ne semble pas commercialiser de marques propres.
Aucune de ces plateformes commerciales n’impose la transparence comme critère pour figurer dans son assortiment: à l’évidence, l’extension de l’offre prime sur la transparence.
Une évolution vers plus de transparence ?
Lors de notre dernière évaluation des entreprises en 2019, Amazon et Zalando ne publiaient encore aucune donnée relative à leurs fournisseurs. Zalando annonçait simplement avoir l’intention de le faire : la marque a donc franchi une nouvelle étape, du moins pour ses propres marques. Asos indique que toutes les marques de tiers devront signer le «Transparency pledge»2 d’ici à 2025 et s’engager ainsi à la transparence pour leurs fournisseurs directs. Zalando se montre plus souple: la plateforme souhaite que les entreprises tierces fournissent des informations relatives à leur chaîne d’approvisionnement via l’outil externe «Higg BRM.»3 «Zalando souhaite, à terme, partager ces informations avec ses client·e·s», nous dit l’entreprise, sans préciser exactement quelles données elle a l’intention de diffuser, ni dans quel délai. About You promet également plus de transparence «à moyen terme», sans donner de date. L’avenir nous dira si ces déclarations seront effectivement suivies d’effets. Elles indiquent toutefois que les plateformes de commerce en ligne sont tout à fait conscientes de leur rôle de «portier» du marché et savent pertinemment ce qu’elles peuvent entreprendre pour améliorer les normes en matière transparence dans toute la branche.
Il suffit d’un clic pour qu’un t-shirt atterrisse dans votre panier: dans ces conditions, on oublie facilement le travail nécessaire à la fabrication du vêtement. Pour un top à 15 francs, il est rare que plus de 50 centimes reviennent à la couturière (la vaste majorité des 60 à 75 millions de personnes employées dans l’industrie textile à travers le monde sont des femmes). Les salaires mensuels ne représentent la plupart du temps qu’une fraction du salaire vital, montant garantissant des conditions de vie dignes aux ouvrières et à leur famille. Au Cambodge par exemple, le salaire minimum en vigueur en 2022 dans les usines textiles n’est que de 180 francs suisses (194 dollars US) – alors que le salaire vital est estimé à au moins 540 francs4.
Le droit à un salaire équitable garantissant une existence digne aux employé·e·s et à leurs familles est inscrit à l’article 23.3 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, mais ce droit humain est systématiquement bafoué. C’est pour cette raison que les enseignes de la mode et les grands détaillants peuvent dégager des profits si importants: les produits qu’ils commercialisent sont fabriqués pour des salaires de misère. Pour garantir le versement de salaires adéquats, les grandes marques devraient payer des prix plus élevés aux fabricants.
La pandémie de Covid-19 a encore renforcé les inégalités: le patrimoine du PDG d’Amazon, Jeff Bezos, a augmenté de 69 milliards de francs rien qu’en 2020. Pendant ce temps, les couturières et couturiers qui fabriquent des articles pour Amazon doivent se battre pour obtenir leurs salaires, impayés depuis que leurs usines ont arrêté la production pendant le premier confinement.5
Plus d'informations
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Quelles sont les solutions politiques?
Il est inacceptable que les salaires de misère représentent un avantage compétitif pour les grandes entreprises. Le droit à un salaire vital doit être respecté, partout dans le monde. Les autorités politiques doivent mettre les entreprises helvétiques et internationales qui commercialisent des articles textiles et des chaussures en Suisse face à leurs responsabilités, en les contraignant à:
- apporter la preuve qu’un salaire vital est versé dans la production;
- ou que des stratégies ont été mises en œuvre pour atteindre cet objectif selon un calendrier défini.
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Les enseignes de la mode et les plateformes de commerce en ligne doivent…
- intégrer uniquement dans leur assortiment des articles dont la confection permet aux ouvrières et ouvriers de percevoir un salaire vital;
- si les travailleurs et travailleuses de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement ne reçoivent pas encore un salaire vital, publier des stratégies visant à augmenter les salaires, en indiquant un délai pour atteindre cet objectif;
- n’accepter sur leurs plateformes des produits de marques tierces qu’à condition que entreprises concernées garantissent déjà le versement d’un salaire vital sur leur chaîne d’approvisionnement ou que des stratégies visant à le garantir dans un délai donné aient été publiées;
- publier des informations sur les salaires, l’égalité salariale et les lacunes liées au versement d’un salaire vital sur la chaîne d’approvisionnement (pour leurs propres marques et celles de tiers) – en toute transparence.
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Pourquoi c'est important
- Les salaires de misère constituent une violation des droits humains des travailleurs et travailleuses. Les entreprises doivent contribuer à y mettre fin sur leur chaîne d’approvisionnement.
- Les enseignes de la mode et les grands détaillants récupèrent la majeure partie de la valeur ajoutée créée sur dans l’industrie textile. En tant que «portiers du marché», elles ont pourtant le pouvoir et les ressources nécessaires pour faire du versement d’un salaire vital une exigence minimale non négociable;
- La transparence concernant les salaires permet d’avoir une image claire de la situation de départ sur la chaîne d’approvisionnement. L’existence de stratégies déterminées dans le temps permet de savoir si une entreprise cherche sérieusement ou non à mettre un terme au versement de salaires de misère.
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Ce que nous avons analysé
- Engagement à garantir un salaire vital: l’entreprise s’est-elle clairement et publiquement engagée à garantir le versement d’un salaire vital sur l’ensemble de son réseau de fournisseurs?
- Stratégie de mise en œuvre du salaire vital: l’entreprise publie-t-elle une stratégie afin que l’ensemble des travailleuses et travailleurs de son réseau de fournisseurs perçoive un salaire vital, en indiquant une échéance?
- Transparence sur le salaire vital dans la chaîne d’approvisionnement: l’entreprise indique-t-elle quelle proportion des travailleuses et travailleurs de son réseau de fournisseurs reçoit un salaire au moins équivalent à un comparatif crédible du salaire vital? Si oui, quel pourcentage de la main-d’œuvre reçoit un salaire vital, selon leur participation au volume de production?
- Le salaire vital comme exigence pour les marques de tiers: l’entreprise impose-t-elle aux marques de tiers commercialisées sur ses sites de vente en ligne de garantir le versement d’un salaire vital ou de mettre en place des mesures concrètes pour y parvenir?
Évaluation des entreprises: résultats en matière salariale
Sur la chaîne de valeur des sites de mode en ligne, les salaires de misère sont la règle et non l’exception. Aucune des dix entreprises analysées ne fournit d’éléments indiquant qu’au moins une partie de la main d’œuvre perçoit un salaire vital. L’augmentation des salaires sur la chaîne d’approvisionnement ne semble pas être une priorité pour la plupart de ces entreprises: pour neuf d’entre elles, nous n’avons trouvé aucun engagement clair à garantir un salaire vital. Asos mentionne le versement d’un salaire vital comme un objectif d’avenir dans le code de conduite de ses fournisseurs, mais cet engagement volontaire est formulé de manière vague. Nous n’avons trouvé de plan d’action, avec échéancier, visant à garantir le versement d’un salaire vital chez aucune des entreprises. Asos et Zalando sont certes membres de «ACT on living wages», une initiative portée par 19 enseignes de la mode et l’association internationale de syndicats IndustriALL, qui vise à augmenter progressivement les salaires par le biais de négociations collectives. Depuis sa création en 2016, cette initiative n’a obtenu aucune hausse de salaires, dans aucun pays. La simple adhésion à une initiative qui n’a encore apporté aucun progrès perceptible est insuffisante.
Aucun progrès à l’horizon ?
Malheureusement, les déclarations des firmes concernant l’avenir ne donnent davantage de raisons d’espérer. Asos a annoncé succinctement que la question des salaires sera également abordée dans ses rapports d’avancement relatifs aux droits humains à partir de 2023. Zalando, pour sa part, émet le souhait d’améliorer ses normes éthiques d’ici à 2023, sans apporter plus de précisions. Bonprix promet «d’œuvrer pour le versement d’un salaire vital avec ses partenaires de la branche d’ici à 2025», sans donner plus de détails ni d’objectifs concrets. Les autres entreprises n’en parlent même pas. Peut-être n'ont-elles pas conscience du risque de salaires de misère dans les usines de leurs fournisseurs… ou alors elles considèrent, en toute connaissance de cause, que les violations des droits humains dans leur chaîne d’approvisionnement sont acceptables.
Pour la clientèle, le shopping en ligne est simple et pratique… Mais derrière chaque site de vente en ligne se cache un réseau complexe de services logistiques imbriqués. Malgré les progrès extrêmement rapides de l’automatisation, d’innombrables personnes travaillent encore très dur pour acheminer les colis jusqu’à nos portes.
Hormis le personnel de livraison chargé du dernier kilomètre et les agent·e·s des centrales d’appel qui répondent au téléphone en cas de problème, cette main-d’œuvre est peu visible pour les consommateurs et consommatrices. Des centres logistiques toujours plus immenses sont construits à la périphérie des villes, à proximité d’échangeurs autoroutiers ou d’aéroports de marchandises. Pour des questions de coût, ils sont de plus en plus souvent délocalisés, vers des pays où les salaires sont plus bas. Les pratiques mises en œuvre par l’industrie textile depuis des années dans la production sont aujourd’hui reproduites dans les centres d’appel et pour d’autres services: les entrepôts, la gestion de l’emballage et des retours ou encore le transport. Le dernier exemple en date est la délocalisation de la gestion des retours pour le groupe Otto depuis Hambourg vers la Pologne et la République tchèque.6
En Suisse, les achats en ligne sont généralement livrés depuis des centres logistiques situés à l’étranger, notamment en Allemagne, en Pologne, en République tchèque, en Italie, en France et en Chine (pour Alibaba, Shein et Wish). Parmi les plateformes que nous avons analysées, seule Galaxus dispose d’un grand centre de stockage et d’envoi en Suisse. L’entreprise l’utilise cependant principalement pour des produits non textiles. Les articles de mode ne sont généralement pas envoyés directement par Galaxus mais par des enseignes ou des détaillants tiers.7 Le numéro un du marché, Zalando, livre aussi la Suisse principalement depuis l’étranger: son site de Lahr, dans le Sud de l’Allemagne, mis en activité en 2017, a été positionné stratégiquement dans ce but. Les retours sont parfois gérés par des sites en Suisse, mais passent alors par des sous-traitants, et jamais par Zalando directement. Une adresse de retour en Suisse ne signifie pas que les retours sont traités sur place: la plupart du temps, les articles sont collectés à cette adresse avant d’être envoyés à l’étranger pour y être traités.
La pression sur les coûts mène au travail précaire
Dans le secteur logistique, la pression exercée sur les coûts est intense. Les travailleurs et travailleuses doivent faire face à des exigences de performance très élevées, à des salaires bas et à une grande insécurité: les journées de travail des «pickers», qui sélectionnent les articles sur d’immenses rayonnages puis les scannent et les déposent dans des boîtes avant qu’ils soient emballés, sont un véritable marathon.8 Des employé·e·s du centre européen de gestion des retours pour Shein nous ont indiqué que chaque personne doit scanner ou mettre en rayon 1800 articles par jour. L’évaluation des articles retournés est une tâche complexe, qui exige une certaine expérience, mais selon les syndicats, la plupart des employé·e·s touchent des salaires parmi les plus bas autorisés.
Dans la logistique, les employé·e·s doivent faire face à la concurrence des robots – et ce n’est pas sans conséquence. De plus en plus de processus sont automatisés: ce n’est que lorsque les machines sont trop lentes ou trop chères, lorsque les tâches sont trop complexes pour une intelligence artificielle ou lorsque l’utilisation de robots n’est pas encore autorisée (par ex. sur la voie publique) que les salarié·e·s peuvent conserver leur emploi à moyen terme.
Les syndicats ont bien du mal à se faire une place dans le secteur logistique. Les travailleurs et travailleuses sont peu organisé·e·s, et la lutte pour la signature de conventions collectives de travail (CCT) se heurte souvent aux positions anti-syndicalistes des entreprises. Il existe quelques exceptions, comme MS Direct, qui gère notamment les retours pour Zalando en Suisse, mais là encore, le niveau salarial reste très bas, parfois au-dessous de 20 francs de l’heure.9 La pression est accrue lors des pics d’activité, notamment saisonniers. Lorsqu’un site propose une livraison «dans la journée» ou «sous 24h», il n’y a plus de marge de manœuvre: il faut augmenter encore les performances et faire des heures supplémentaires. La période de Noël, mais aussi des pics de consommation créés de toute pièce, comme le «Black Friday», ne peuvent être assurés qu’en faisant appel à grande échelle à des contrats courts et à des intérimaires.
La situation des «faux-indépendants» et des employé·e·s de sous-traitants chargé·e·s de certaines tâches est particulièrement précaire, notamment dans le domaine de la livraison de colis. La Poste Suisse, qui confie en grande partie les livraisons à ses propres employé·e·s, fait figure d’exception à l’international, tout comme pour le transport routier. Sur les sites logistiques d’Amazon, en Allemagne, les journalistes d’investigation de la «Team Wallraff» ont rencontré des conducteurs et conductrices de camion biélorusses, employé·e·s par une société de transport lituanienne pour acheminer les marchandises d’Amazon, qui ne percevaient qu’une fraction du salaire minimum légal en Allemagne.10 Rien de surprenant lorsque l’on sait comment fonctionne le secteur logistique aujourd’hui.
Plus d'informations
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Quelles sont les solutions politiques?
En raison du risque élevé d’infractions, l’inspection du travail doit se montrer plus proactive et effectuer davantage de contrôles dans la logistique en général, qu’il s’agisse du transport, de la livraison, des entrepôts ou du traitement des commandes et des retours. Pour mettre fin à la spirale infernale dans laquelle est prise ce secteur, il faudrait mettre en place des contrôles ciblés, imposer des sanctions strictes et garantir un suivi lorsque des abus sont constatés. Pour y parvenir, il faudrait obtenir des cantons et de la Confédération un plus grand soutien financier, et davantage de personnel, afin de mettre en place des stratégies de contrôle adaptées aux particularités du secteur logistique.
Les procédés permettant aux entreprises de déléguer certaines tâches essentielles à des sous-traitants ou à des employé·e·s faussement considéré·e·s comme indépendant·e·s doivent être rendus moins attrayants, notamment en mettant les mandataires face à leurs responsabilités en cas de dumping social par le biais d’entreprises tierces. Les normes relatives aux conditions de travail dans la logistique doivent également être améliorées.
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Les enseignes de la mode et les plateformes de commerce en ligne doivent…
- garantir des conditions de travail adaptées et sûres aux employé·e·s de leurs services logistiques, ce qui implique le versement d’un salaire vital, des contrats de travail directs et à durée indéterminée, des limites aux exigences de performance et à la pression exercée sur les employé·e·s, des horaires planifiés et fiables, une bonne ergonomie, des tâches diversifiées et une participation réelle à la vie de l’entreprise;
- limiter l’externalisation de tâches essentielles à des entreprises tierces, s’assurer que leurs sous-traitants garantissent de bonnes conditions de travail et la sécurité des travailleurs et travailleuses, et exclure toute externalisation faisant appel à des employé·e·s faussement condiséré·e·s comme indépendant·e·s;
- adopter une attitude coopérative vis-à-vis des syndicats, leur donner accès aux établissements et être ouvertes aux discussions et aux négociations;
- publier des informations concernant la chaîne logistique et les conditions de travail qui y règnent.
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Pourquoi c'est important
- La révolution du commerce en ligne ne peut pas se faire aux dépens des employé·e·s, qui doivent être en mesure de vivre de leur travail. Les processus de travail doivent également être humains, sûrs et préserver la santé des travailleurs et travailleuses.
- La sous-traitance augmente le risque de conditions de travail précaires et de dumping social dans la logistique.
- La présence de syndicats dans les entreprises et l’existence de conventions collectives de travail négociées avec les partenaires sociaux diminue le risque d’emplois précaires et de violations du droit du travail. Ces facteurs peuvent aussi améliorer l’ambiance de travail dans l’entreprise.
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Ce que nous avons analysé
- Transparence dans la logistique: le site Internet de l’entreprise permet-il de déterminer où, comment et par quelles entreprises sont gérés le stockage, la distribution et les retours?
- Communication relative à la non-précarité des conditions de travail dans la logistique: l’entreprise apporte-t-elle la preuve que les employé·e·s de ses entrepôts, de ses centres de gestion des retours et des entreprises de livraison auxquelles elle fait appel n’ont pas de contrats de travail précaires? Est-il possible de vérifier l’existence de conventions collectives avec un syndicat indépendant?
Évaluation des entreprises: résultats dans la logistique
Lors de nos recherches, nous avons très vite remarqué que la plupart des enseignes de la mode en ligne excluent leurs services logistiques de leur communication sur la durabilité: lorsqu’elles parlent de travail et de personnel, il ne s’agit que des employé·e·s des bureaux de l’entreprise et de la production. Étrange, pour une branche entièrement dépendante d’un système logistique fonctionnel, et pour une partie de la chaîne de valeur dans laquelle les risques de conditions de travail précaires et de d’infractions sont particulièrement élevés. About You, Alibaba et Shein ne fournissent pas d’informations relatives à leur chaîne logistique, ou s’en tiennent à des informations très générales sans indiquer l’emplacement des différents sites ni d’autres éléments basiques. Amazon, Asos, Bonprix, Galaxus, La Redoute, Wish et Zalando fournissent au moins quelques informations relatives à certains sites logistiques et aux services de livraison utilisés mais, là encore, certaines données manquent, comme le nombre estimé d’employé·e·s, le nom des sous-traitants ou d’autres indications liées au recours à la sous-traitance.
Aucune des dix entreprises évaluées n’apporte de preuve que les conditions de travail sont sûres et réglementées plutôt que précaires. Dans certains cas, nous n’avons trouvé aucune information relative aux conditions et aux contrats de travail, et dans d’autres, les informations fournies ne concernaient qu’une partie de la chaîne logistique ou certains sites sélectionnés, passant sous silence les autres domaines (notamment la livraison des colis). Chez certaines entreprises, nous avons découvert des éléments laissant entrevoir un recours massif à la sous-traitance ou des positions antisyndicales.
Dans l’ensemble, les conditions de travail dans la chaîne logistique des détaillants en ligne demeurent essentiellement opaques. Les rares informations que nous sommes parvenus à obtenir laissent entrevoir un risque élevé de précarité, aggravé par la pression extrême exercée sur les prix et les délais dans le commerce en ligne.
Interview
Cinq questions au syndicat Unia
Propos recueillis auprès d’Anne Rubin, co-responsable du commerce de détail, et de Roman Künzler, responsable logistique et transport.
Pourquoi avoir choisi de travailler sur le commerce en ligne?
Année après année, le commerce en ligne occupe des parts de marché toujours plus importantes du commerce de détail. Les 10% ont été largement dépassés. La pandémie a encore accéléré ce changement structurel. Plus exactement, nous devrions parler de commerce multicanal, qui implique autant un service de vente en ligne pour les magasins stationnaires que...
La Poste, premier service de livraison en Suisse, a livré 182,7 millions de colis en 2020.11 À cela s’ajoutent environ 30 millions d’envois de petites marchandises depuis l’étranger par des plateformes comme Shein et Aliexpress. Selon les estimations du cabinet de conseil Carpathia et de l’Association suisse de vente à distance, 12% des colis sont des retours.12 Cette proportion est particulièrement élevée pour les vêtements: le taux moyen de retour de 50%13 indiqué par Zalando est probablement à peu près équivalent au niveau international. En Suisse, où les retours gratuits sont moins souvent proposés, ce taux est sans doute un peu plus bas.
Pour les articles de mode, les retours sont inévitables: impossible de savoir si une paire de chaussures est à la bonne taille sans l’avoir essayée. Pour une grande partie de la clientèle, la possibilité de renvoyer les articles sans difficulté, idéalement gratuitement, est une condition pour acheter en ligne. La très grande majorité des sites de vente en ligne proposent donc ce genre de services, mais les retours restent une source de coûts supplémentaires qu’ils apprécient peu: «Un article retourné représente en moyenne un coût de 11,24 euros (5,67 euros de frais de transports et 5,57 euros de frais de traitement)», estime une équipe de recherche de l’Université de Bamberg.14 Pour les articles les moins chers, les retours ne sont rapidement plus rentables. Dans le cadre de nos recherches, nous avons tenté d’utiliser l’option de retour gratuit pour une robe Shein à 10 euros: l’entreprise a préféré nous l’offrir. Du point de vue écologique, cette générosité interroge… La plupart de ces articles non désirés finissent probablement à la poubelle, sans jamais avoir été portés.
Pour éviter un tel gaspillage de ressources, les enseignes en ligne doivent cesser de détruire les marchandises utilisables. De nombreux articles sont retournés sans le moindre défaut: en plus des frais de transport, cela provoque une surcharge de travail liée aux contrôles visuels, au réemballage des marchandises et à la saisie des informations dans les bases de données. Certains retours doivent également être repassés ou nettoyés, dans d’autres cas, de petits défauts doivent être réparés, un bouton doit être recousu… Cela représente bien sûr un surcroît de travail, mais reste malgré tout faisable.
Une enquête menée par Greenpeace dans la logistique d’Amazon révèlent que des quantités importantes de retours, notamment des vêtements, finissent à la décharge.15 Est-ce une pratique habituelle? Faute d’obligation de transparence, difficile d’obtenir des données fiables. En Allemagne, l’Université de Bamberg a réalisé une recherche et interrogé les responsables des retours de diverses enseignes, qui indiquent que 79% des articles sont revendus comme neufs et 13% comme articles défectueux16 par leurs propres services. De plus petites quantités sont vendues ou données à des entreprises qui récupèrent les invendus, et environ 4% sont détruits – dont 80% d’articles dont le prix de vente est inférieur à 15 euros.17 Les détaillants suisses interrogés dans le cadre d’une étude de la Haute école de Lucerne indiquent aussi que les retours sont habituellement reproposés à la vente comme des articles neufs. Une petite partie est donnée, proposée comme invendue ou transmise à des revendeurs spécialisés. 7% des enseignes reconnaissent cependant que certains retours sont détruits.18 Sur la totalité des commandes passées en Suisse, le risque de destruction superflue concerne environ 1,5 millions d’envois.19
Le gaspillage de ressources que représente la destruction d’articles utilisables n’est pas uniquement un problème pour le commerce en ligne: les détaillants et les grossistes conventionnels ont eux aussi de nombreux articles invendus en fin de saison, malgré des soldes toujours plus massives. Un expert de ce marché en Allemagne estime que jusqu’à 10% de l’offre est excédentaire (soit 230 millions d’articles).20 Beaucoup de consommateurs et consommatrices jettent également des vêtements à peine portés pour faire de la place à de nouveaux articles de mode éphémère.
Plus d'informations
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Quelles sont les solutions politiques?
Le pouvoir législatif doit interdire la destruction de produits neufs, quasiment neufs ou facilement réparables. Les producteurs et les détaillants doivent être soumis à une obligation de préserver les produits afin de maintenir la qualité des marchandises stockées, livrées, reprises ou renvoyées et éviter qu’elles ne se détériorent et finissent à la décharge. Il est également important d’obliger les entreprises à proposer des services de réparation et de retouches, ainsi que des pièces de rechange, et à mettre des instructions de réparation à disposition de leur clientèle. La révision partielle de la Loi fédérale sur la protection de l’environnement, visant à renforcer l’économie circulaire, est une occasion à saisir.
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Les entreprises textiles et les plateformes de commerce en ligne doivent…
- cesser de détruire les vêtements neufs ou réparables, qu’il s’agisse de retours ou d’autres invendus;
- appliquer la même obligation aux produits de tiers commercialisés sur leurs sites Internet et leurs plateformes;
- publier des informations, en toute transparence, sur la gestion des retours et des invendus, notamment par le biais d’un rapport annuel sur les quantités et le devenir des produits;
- veiller à la qualité des produits au moment du choix de leur assortiment, afin de garantir la possibilité de les réparer et de les porter longtemps;
- mettre un terme aux campagnes publicitaires agressives, afin de réduire les achats impulsifs d’articles superflus.
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Pourquoi c’est important
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La destruction d’articles à l’état neuf ou faciles à réparer est un gaspillage de ressources considérable – mais facilement évitable. Chaque vêtement confectionné représente un coût pour l’environnement (en raison par ex. de la dégradation des sols liée à la culture des plantes à fibres, de la pollution de l’eau et des émissions nocives pour le climat) et nécessite beaucoup de travail, souvent effectué dans des conditions indignes. Considérer un vêtement comme un produit jetable est un manque de respect qui aggrave encore les problèmes actuels, puisque cela mène à la fabrication de nouveaux articles superflus.
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Le commerce en ligne est un moteur de la mode éphémère: ses stratégies publicitaires agressives encouragent les achats impulsifs. De nombreux articles retournés n’auraient sans doute jamais été achetés dans un commerce conventionnel. Les enseignes ont donc une responsabilité particulière: celle de préserver les ressources dans leur gestion des retours.
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Ce que nous avons analysé
- Non-destruction des articles retournés neufs ou réparables: l’entreprise publie-t-elle des directives relatives aux retours ou à l’économie circulaire (ou des informations similaires) pour éviter la destruction de marchandises retournées neuves ou réparables (marques de l’enseigne, marques de tiers et articles de site marchand)? Informe-t-elle de manière transparente et crédible sur le respect de ces directives?
Évaluation des entreprises: résultats pour les retours
Nous n’avons trouvé trace d’une directive claire excluant la destruction des retours chez aucun des sites de vente en ligne évalués. Alibaba, Shein et Wish ne parlent pas du tout de cette problématique. Nous n’avons pas non plus trouvé d’informations publiées par About You, mais lorsque nous l’avons contactée, l’entreprise a déclaré avoir mis en place des mesures et miser sur des projets pilotes visant la réutilisation des articles usagés plutôt que sur une directive spécifique. En 2021, les articles retournés n’ayant pas pu être nettoyés ou réparés et qui ont été détruits représentaient, selon l’entreprise, moins de 0,001% des retours.
Zalando et Bonprix (par le biais de sa société mère, Otto) publient des informations au sujet de la gestion des retours et fournissent des chiffres sur la proportion d’articles revendus (97% dans les deux cas). Les deux enseignes indiquent que seuls quelques millièmes du total des articles sont détruits, mais il reste impossible de déterminer la période couverte ou les quantités concernées. Asos et La Redoute évoquent brièvement l’interdiction de la destruction des articles invendus, sans donner plus de détails. Chez Amazon, Galaxus et Wish, des éléments concrets indiquent que la destruction de marchandises est proposée comme service logistique, au même titre que le stockage et l’envoi, ce qui montre que le risque de destruction superflue d’articles est particulièrement élevé dans le commerce en ligne via des sites marchands.
Interview
Six questions à Greenpeace
Propos recueillis auprès de Florian Kasser, expert en consommation et économie circulaire de Greenpeace Suisse.
Pourquoi avoir choisi de travailler sur le commerce en ligne?
Depuis plusieurs années, le commerce en ligne fait partie intégrante de nos habitudes de consommation. C’est aussi un moteur important de la surconsommation, et de la destruction de l’environnement qu’elle provoque. Si tout le monde avait le même mode de vie que la population suisse, il faudrait trois planètes pour...
- Les thèmes traités ne sont de loin pas les seuls permettant d’évaluer la durabilité d’une entreprise: les émissions, la durabilité des matières premières utilisées, les stratégies publicitaires manipulatrices, la protection des consommateurs et des données, le paiement des impôts ou la participation au bien commun sont également des facteurs essentiels. Une analyse approfondie l’ensemble de ces éléments aurait dépassé le cadre de notre enquête, mais ces aspects n’en sont pas moins importants.
- Le «Transparency Pledge» désigne un engagement volontaire à publier des informations de base relatives aux usines de production sur la chaîne d’approvisionnement de l’industrie des vêtements et des chaussures. Pour plus d’informations et une liste des entreprises qui respectent totalement ou en partie les critères prévus : https://transparencypledge.org/aligned.
- Higg BRM (Higg Brand & Retail Module) est un système développé par la Sustainable Apparel Coalition (SAC) visant à déterminer les risques en matière de durabilité pour les produits et processus tout au long des chaînes d’approvisionnement de textiles. Ce système harmonisé devrait permettre d’échanger et de comparer les informations pour toute l’entreprise. Les données ne sont pas publiques.
- Comparatif des salaires de subsistance pour 2020, Asia Floor Wage Alliance.
- New York Times (2021): Garment Workers Who Lost Jobs in Pandemic Still Wait for Severance Pay, Elisabeth Paton, 06/04/2021.
- Handelsblatt (2020): Otto schließt Retouren-Center in Hamburg – 840 Stellen fallen weg, Christoph Kapalschinski, 04.09.2020.
- Ceux-ci ne doivent cependant pas révéler l’adresse de l’expéditeur, pour que la clientèle ait l’impression que les marchandises sont envoyées directement par Galaxus. Voir Digitec Galaxus AG (2021): Welche Anforderungen muss ich als Direktlieferant erfüllen?
- Un «picker» du centre logistique Amazon à Duisbourg parcourt en une journée de travail entre 6 et 17 kilomètres. RTL News (2021): «Team Wallraff»: Undercover bei Amazon – Wie der Weltkonzern seine Mitarbeiterinnen und Mitarbeiter ausbeutet, 25.10.2021.
- La CCT est entrée en vigueur début 2020: elle prévoyait à l’époque un salaire horaire situé entre 19,80 et 23,31 francs. Voir Gesamtarbeitsvertrag Fulfillment zwischen MS Direct AG und syndicom, 29.06.2019. Il convient toutefois de noter que ce tarif horaire tient déjà compte des jours fériés et des congés. Le salaire horaire de base comparable, selon les calculs d’Unia, était donc seulement de 17,44 à 17,65 francs/heure pour le personnel non qualifié, entre 19,12 et 19,34 francs/heure pour le personnel diplômé. Dans l’administration, les salaires minimums sont situés entre 20,46 et 20,69 francs/heure. Voir Work (2019): Schimmel, Schikane und schäbige Löhne, C. Egg, 15.11.2019.
- RTL News (2021): «Team Wallraff»: Undercover bei Amazon – Wie der Weltkonzern seine Mitarbeiter*innen ausbeutet, 25/10/2021.
- La Poste Suisse SA (2021): Post verzeichnet Allzeitrekord von 182,7 Millionen Paketen – Briefmenge weiterhin rückläufig, communiqué de presse du 19.01.2021.
- Kolliker, H. (2019): Das passiert alle 60 Sekunden im Schweizer Online und Mobile, Carpathia AG, 26/09/2019.
- Zalando SE (2020): Zalando erfüllt Obhutspflicht, 11.02.2020.
- Groupe de recherche sur la gestion des retours (2019): Retourentacho 2018/2019 ausgewertet, Communiqué de presse du 26/04/2019, Université de Bamberg.
- Greenpeace (2021): Greenpeace-Recherche enthüllt andauernde Zerstörung von Neuware, 28.05.2021.
- Les produits sont considérés comme défectueux lorsqu’ils ont de légères traces d’usure ou de légers défauts, mais restent totalement fonctionnels.
- Groupe de recherche sur la gestion des retours (2019): Hintergründe der Retourenentsorgung - Studie ausgewertet, Communiqué de presse du 09.10.2019, Université de Bamberg.
- Post CH AG (2021): Onlinehändlerbefragung 2021: Nachhaltigkeit im Schweizer E-Commerce, étude de la Poste suisse et de l’Institut für Kommunikation und Marketing (IKM) de la Haute école de Lucerne sur le B2B.
- Ceci concerne l’ensemble des groupes de produits, et ne se limite pas aux vêtements. Selon les estimations, 12% des envois de colis en suisse en 2019 étaient des retours. Source: Carpathia AG et VSV, (2019): Pakete pro Minute.
- welt.de (2019): 230 Millionen Kleider in Deutschland fabrikneu vernichtet oder verramscht, Anette Dowideit, 10/11/2019.