Le pouvoir des multinationales
Les multinationales exercent un pouvoir grandissant sur le marché, qui se manifeste par une concentration croissante dans la quasi-totalité des secteurs: un nombre toujours plus restreint de sociétés toujours plus grandes dominent de larges pans de l’économie mondiale et ont ainsi la mainmise sur les capitaux correspondants. Depuis longtemps, les multinationales déploient leurs activités par-delà de nombreuses frontières, optimisent leur structure d’entreprise, notamment à des fins d’optimisation fiscale, et misent sur la maximisation des profits. Elles s’adonnent ainsi à des actes allant de l’exploitation de leur pouvoir sur le marché (illégitime, telle que le versement de salaires insuffisants pour vivre) à des abus de pouvoir (illégaux, tels que la corruption). Dans le contexte actuel de recul de la coopération internationale entre les États, les multinationales cherchent en outre à se mettre en scène dans les discussions sociétales et politiques en tant que «partenaires» et «détentrices des solutions» pour les abus qu’elles ont elles-mêmes causés ou permis.
La concentration croissante du marché affecte notre vie en société à bien des égards : dépendance vis-à-vis des chaînes d’approvisionnement mondiales ; renforcement des inégalités sociales ; asymétrie des rapports de force entre, d’une part, les multinationales et, d’autre part, les travailleurs et travailleuses, les producteurs et productrices, et les syndicats locaux ; mais aussi ingérence et influence de grandes entreprises sur la politique nationale et internationale. L’opacité entourant les activités des multinationales, l’asymétrie d’informations et les situations de monopole permettent aux acteurs économiques d’exercer une influence systématique sur le plan politique, ce qui mène à une absence de régulation – ou une réglementation insuffisante. Cette influence grandissante met également en danger les fondements de notre démocratie et nous empêche de progresser vers une économie au service de l'intérêt public.
Notre action
Par un travail d’enquête et de plaidoyer, Public Eye veut recadrer les multinationales: nous révélons l’ampleur de leur pouvoir, les mettons face à leurs responsabilités et demandons une réglementation politique dans le domaine des structures du marché, du commerce et des investissements. Notre travail vise notamment à:
Plus d'informations
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Révéler les violations de droits humains
Nous enquêtons sur le négoce de matières premières, les exportations de pesticides interdits ou les salaires de misère dans l'industrie textile.
Nos enquêtes et nos reportages exposent les conséquences des pratiques irresponsables de multinationales suisses à l’étranger. Nous avons par exemple révélé comment Glencore échappe à ses responsabilités en Bolivie ou comment Syngenta a ignoré les avertissements pour garder son pesticide toxique sur le marché.
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Montrer les chaînes de responsabilités
Les multinationales doivent assumer leurs responsabilités, sur l'ensemble de leurs chaînes d'approvisionnement.
Nous décryptons la complexité des relations économiques mondialisées et démontrons qui est responsable en cas d'abus sur les chaînes d’approvisionnement. Par exemple dans notre enquête « Les territoires suisses d’outre-mer », qui répertorie les plantations détenues par des négociants agricoles suisses. Ou encore dans les différents épisodes de notre podcasts «Mon œil!».
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Exiger la transparence
Nous nous engageons pour la transparence des paiement dans le négoce et contre les rabais secrets sur les médicaments.
Nous révélons comment le Conseil fédéral fait le jeu d’une industrie pharmaceutique avide de profits et nous opposons aux rabais secrets sur des médicaments au prix exorbitant. Nous demandons des normes légales imposant la transparence des paiements afin d’empêcher les flux financiers illégaux dans le négoce des matières premières. Nous mettons en lumière les coulisses du commerce de la mode en ligne et son manque cruel de réglementation, en demandant davantage de transparence sur les conditions de production.
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Réclamer une lutte efficace contre la corruption
La Suisse ne doit plus être un paradis pour la criminalité économique!
Dans notre « petit manuel suisse à usage des criminel·le·s en col blanc », nous avons choisi la satire pour montrons que le laxisme législatif de la Suisse a des conséquences : nous demandons au Conseil fédéral de prendre des mesures efficaces pour lutter contre la corruption et le blanchiment d’argent, en établissant notamment un registre public des bénéficiaires économiques des sociétés.
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Contrer les abus de pouvoir et les monopoles
Grâce au monopole conféré par les brevets, des multinationales peuvent maximiser leurs profits - au détriment de l'intérêt public.
Nous montrons ce que signifie concrètement des notions commerciales techniques telles que les « flexibilités ADPIC », pourquoi ces dispositions sont essentielles pour garantir le droit humain à la santé et comment la pharma maximise ses profits, au détriment de l’intérêt public. En obtenant le retrait d’un brevet controversé de Novartis, nous avons remporté une victoire inédite qui fragilise la situation de monopole des géants de l’industrie pharmaceutique. Nous continuons à nous opposer aux abus de pouvoir que permettent les monopoles.
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Mettre un terme aux «doubles standards»
Des substances interdites en Suisse car jugées trop dangereuses ne devraient pas pouvoir être exportées à l'étranger.
Public Eye a révélé l’ampleur des exportations de pesticides interdits en Suisse vers des pays en développement et émergents, où les réglementations sont plus faibles. Suite à nos enquêtes, le Conseil fédéral a interdit l’exportation de cinq pesticides extrêmement dangereux. Un premier pas important en faveur de la protection des populations et de l’environnement – et contre la politique de «deux poids, deux mesures».
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Introduire des règles contraignantes et contrôler leur appplication
Pour une politique extérieure suisse respectueuse des droits humains et de l'environnement.
Nous mettons en évidence les incohérences de la politique extérieure suisse et demandons une nouvelle loi soumettant la politique économique au respect des droits humains et de l’environnement, et conférant au Parlement la responsabilité de surveiller l’application de cette loi.